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Afrique : Mettre fin aux violations des droits des filles

Les gouvernements devraient interdire le mariage des enfants, permettre aux élèves enceintes de poursuivre leur scolarité et garantir la gratuité de l'éducation

Cette adolescente zimbabwéenne, âgée de 16 ans et enceinte, était photographiée dans le couloir de l’immeuble où elle vit à Mbare, une banlieue au sud de Harare, en novembre 2021. © 2021 AP Photo/Tsvangirayi Mukwazhi

(Nairobi, le 16 juin 2022) – Les gouvernements africains ne devraient pas tolérer ni autoriser légalement le mariage des enfants, le déni d'éducation ou d'autres violations des droits des filles, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui à l'occasion de la Journée de l'enfant africain, célébrée sous l’égide de l'Union africaine. En 2022, cette journée est consacrée au thème « Élimination des pratiques néfastes affectant les enfants ». Les gouvernements africains devraient adopter des mesures plus fortes pour protéger les filles contre les pratiques qui violent leurs droits.

De telles pratiques néfastes sont souvent enracinées dans des conditions traditionnelles, économiques, religieuses et juridiques discriminatoires, ainsi que dans certaines opinions sociétales préjudiciables au sujet du rôle des filles et des femmes. L’une de ces pratiques est le mariage des enfants, qui continue d’être très répandu dans toute l'Afrique subsaharienne. Dix-huit des 20 pays ayant les taux de mariage d'enfants les plus élevés au monde se trouvent en Afrique subsaharienne. La plupart de ces pays affichent des taux très élevés de grossesse parmi les adolescentes, ainsi que des pourcentages élevés de filles non scolarisées au niveau de l’enseignement secondaire.

« De nombreuses filles abandonnent l'école parce qu'elles sont contraintes de se marier et d'avoir des enfants à un moment crucial pour leur éducation et leur avenir », a déclaré Rita Nketiah, chercheuse auprès de la division Droits des femmes à Human Rights Watch. « Le mariage des enfants empêche les filles de faire leurs propres choix de vie, perturbe ou met fin à leur éducation, les soumet à la violence et à la discrimination et les prive de leur pleine participation à la vie économique, politique et sociale. »

Les taux de mariages d'enfants et de grossesses d'adolescentes auraient augmenté dans la plupart des régions d'Afrique subsaharienne pendant la pandémie de Covid-19. Les estimations de l’UNICEF et d’organisations non gouvernementales Les estimations de l'UNICEF et d'organisations non gouvernementales indiquent une augmentation continue en raison de l'abandon scolaire des filles, de la perte de revenus des familles et de difficultés financières supplémentaires.

L'inaction sur le mariage des enfants par plusieurs gouvernements africains reste l'un des plus grands obstacles à l'effort de protection des droits des filles, notamment le droit à l'éducation. De nombreux gouvernements africains ont convenu de s'attaquer aux pratiques préjudiciables à l'égard des filles et des femmes et d'y mettre fin, mais leur mise en œuvre reste lente, a déclaré Human Rights Watch.

Au Nigeria, qui présente des taux très élevés de mariage des enfants, Human Rights Watch a constaté que les gouvernements des États et le gouvernement fédéral n'ont pas appliqué de manière adéquate les lois interdisant le mariage avant l'âge de 18 ans. Dans l'État de Kano au Nigéria, une fillette de 11 ans a abandonné le premier cycle du secondaire après le décès de sa mère et sa famille l'a mariée pour que quelqu'un s'occupe d'elle.

Maintenant âgée de 14 ans, elle a déclaré à Human Rights Watch que le jour de son mariage, elle s’était sentie impuissante : « Je ne me souviens pas vraiment [de mon mariage] parce que ce n'était pas ma décision. C'était la décision des membres de ma famille. Je ne l'aime pas vraiment. Ils m'ont juste mariée avec lui sans mon consentement. Il y a eu une cérémonie de mariage [traditionnelle], mais je n'y ai pas participé.»

Plus de 30 gouvernements africains ont adopté des mesures, dont beaucoup ces dernières années, qui protègent le droit des adolescentes de rester à l'école pendant la grossesse et la maternité. En dépit de progrès significatifs, des autorités scolaires de nombreux pays dotés de protections légales, comme le Kenya et le Malawi, interdisent encore à ces élèves de fréquenter les écoles publiques. Certains gouvernements n'ont pas encore adopté de protections juridiques explicites ni de mesures financières ou de protection supplémentaires pour garantir que ces filles, notamment les élèves mariées avec enfants, bénéficient du soutien nécessaire pour rester à l'école.

La Tanzanie, qui a aboli une interdiction discriminatoire de fréquenter l’école contre les élèves enceintes ou les jeunes mères en novembre 2021, n’a pas supprimé les règlements qui permettent aux écoles d’expulser les élèves ayant « contracté mariage ». Le gouvernement n’a pas non plus rendu illégal le mariage d’enfants, en dépit d’une décision rendue par la Haute Cour en 2016 de modifier la loi sur le Mariage afin de fixer à 18 ans l’âge légal du mariage pour les filles et pour les garçons.

L'Union africaine devrait amplifier l’appel des institutions africaines des droits humains et exhorter tous ses États membres à interdire le mariage des enfants, a déclaré Human Rights Watch. Elle devrait inciter les pays à adopter des lois et des politiques en faveur de la poursuite de la scolarisation qui encouragent les filles à rester à l'école et à y retourner après avoir eu un enfant, afin qu'elles puissent réussir sur le plan scolaire.

Bien que de nombreux gouvernements africains aient fait des progrès importants pour réduire les inégalités de genre dans l'accès à l'enseignement secondaire, de nombreuses filles continuent de faire face à d'autres obstacles et restrictions qui les privent de leur droit à l'éducation. Les recherches de Human Rights Watch au Nigeria, en Tanzanie et au Malawi, entre autres pays, ont révélé que les frais de scolarité et les coûts indirects dans les écoles secondaires continuent d'être l'un des plus grands obstacles, en particulier pour les filles issues de familles à faible revenu et celles qui vivent dans la pauvreté.

De nombreuses filles courent un risque accru de mariage précoce lorsque l'enseignement qu'elles reçoivent est de mauvaise qualité, lorsque leurs parents perçoivent un risque de violence sexuelle à l'école et sur le trajet de l'école, et une fois qu'elles abandonnent l'école. Dans de nombreuses communautés, ces facteurs continuent d'accélérer le choix des parents de marier leurs filles alors qu'elles sont encore enfants.

« Tous les gouvernements africains devraient modifier de toute urgence leurs lois et politiques afin de garantir que les lois sur le mariage exigent l'égalité des genres et interdisent la discrimination », a conclu Rita Nketiah. « Ils devraient également œuvrer avec zèle pour éliminer tous les obstacles financiers et politiques afin de garantir que toutes les filles puissent obtenir une éducation secondaire gratuite. »

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