Alors que l’Inde s’apprête à accueillir le sommet du Groupe des Vingt, ou G20, à New Delhi les 9 et 10 septembre, les efforts pour nettoyer la capitale se poursuivent sans relâche. Afin que les dirigeants mondiaux puissent y observer des conditions moins chaotiques que d'habitude, plusieurs écoles, centres commerciaux et bureaux seront fermés pour faciliter la circulation lors du sommet. Les organisateurs ont même pris des mesures pour réduire la présence de singes venus de forêts voisines.
Mais il pourrait s’avérer plus difficile de planifier une conclusion substantielle lorsque les dirigeants du monde se réuniront.
Dans un contexte de divergences internationales accrues, l’Inde, qui assure la présidence tournante du G20, peine à forger un consensus. Bien qu’il existe un accord de base sur la plupart des questions, une déclaration commune présentera un défi en raison des désaccords diplomatiques entre les membres sur des questions comme la guerre en Ukraine. La déclaration du G20 de l’année dernière à Bali avait noté que « la plupart des membres » condamnaient cette guerre et les « souffrances humaines » qui en résultaient, ainsi que l’exacerbation des « fragilités existantes dans l’économie mondiale ». Cette année, la Russie a déjà annoncé son refus d’approuver toute déclaration commune qui comprendrait des termes similaires.
Le gouvernement indien espère jouer un rôle conciliateur lors des discussions finales entre des gouvernements dont les avis divergent. Selon le Premier ministre Narendra Modi, « l’Inde et le G20 indien agiront comme un agent catalyseur du nouvel ordre mondial » et « contribueront à façonner les politiques affectant l’avenir de l’humanité », tout en « reflétant la voix et les préoccupations des pays du Sud ».
Cette ambition ne pourra toutefois aboutir sans certains accords d’une importance cruciale pour les droits humains. De nombreux sujets figurant sur l’agenda du sommet – crise de la dette, programmes de protection sociale, sécurité alimentaire, changement climatique, liberté sur Internet – portent essentiellement sur les droits humains. Quelles que soient les divergences politiques qui existent, ce sont des questions sur lesquelles les gouvernements réunis peuvent et doivent s’entendre.
Par exemple, le G20 devrait parvenir à un consensus pour agir face à la crise mondiale de la dette souveraine, qui exacerbe la pauvreté et les inégalités, notamment en raison des mesures d’austérité imposées par le Fonds monétaire international (FMI). L’Inde et les autres gouvernements du G20, en tant que pays membres clés du FMI, devraient affirmer leur soutien aux systèmes de protection sociale universelle qui se sont révélés les plus efficaces pour promouvoir la cohésion et la solidarité sociales et améliorer la résilience économique.
Le G20 devrait aussi agir rapidement et de manière unifiée face à la flambée des prix alimentaires mondiaux. Concernant le changement climatique, comme l’a observé Modi, le G20 devrait accepter que même si « certains sont plus responsables que d’autres de la situation actuelle », le monde doit agir ensemble pour faire face à « la réalité de l’impact humain sur la planète ».
Les membres du G20 devraient également soutenir des mesures plus strictes contre la junte militaire du Myanmar, dont les abus généralisés sont bien documentés. Il devrait également y avoir un accord sur une action commune en Afghanistan, où les restrictions sévères imposées par les talibans aux droits des femmes ont été largement condamnées par les gouvernements du monde entier, et même par l’Organisation de la coopération islamique, qui compte 57 pays membres.
Toutefois, les gouvernements ne pourront pas s’exprimer efficacement sur les questions liées aux droits humains s’ils n’admettent pas honnêtement leurs propres problèmes à cet égard. Ceci concerne non seulement des membres du G20 comme la Chine, l’Arabie saoudite et la Russie, mais aussi des démocraties comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou le Japon.
En Inde, les droits civils et politiques se sont fortement détériorés sous l’administration Modi, en particulier pour les groupes confrontés à des persécutions en raison de leur caste, de leur religion, de leur appartenance ethnique ou de leurs convictions politiques, ainsi que pour les défenseurs de la société civile, les journalistes et les défenseurs des droits humains critiques à l’égard du gouvernement.
Modi devrait condamner publiquement la violence communautaire et les discours de haine visant les musulmans, chrétiens et autres minorités religieuses. Il devrait veiller à mettre fin à la répression politiquement motivée contre les groupes de la société civile, les militants des droits humains et les détracteurs, ainsi qu’aux coupures d’Internet excessives.
Texte complet en anglais : en ligne ici.
…………..