Il n’y a pas assez de nourriture à Gaza. Depuis le 7 octobre, le gouvernement israélien a coupé l’approvisionnement en eau et électricité dans ce territoire, fortement réduit le nombre de camions pouvant y accéder, et entravé l’acheminement d’aide humanitaire aux 2,2 millions d’habitants, dont près de la moitié sont des enfants. Le manque d’eau potable est particulièrement dangereux. Israël a aussi refusé d’autoriser l’approvisionnement en carburant, pourtant requis pour alimenter les générateurs des hôpitaux, les moteurs des ambulances et les pompes à eau. Les responsables israéliens ont déclaré qu’aucune aide n’entrerait à Gaza en provenance d’Israël, et ont affirmé que le carburant « permettrait au Hamas de poursuivre ses attaques contre les citoyens israéliens ». Le 15 octobre, Israël a annoncé le rétablissement partiel de l’approvisionnement en eau dans le sud de Gaza ; mais sans carburant pour pomper cette eau, il est difficile de la fournir, notamment aux habitants du nord de Gaza.
Le gouvernement israélien continue de faire obstacle à cette aide humanitaire urgemment requise, alors même qu’il mène sa campagne de bombardements aériens et étend ses opérations terrestres à Gaza. L’armée a demandé à plus d’un million de personnes d’évacuer la moitié nord de l’enclave, mais il n’existe aucun endroit sûr où aller ni aucun moyen sûr d’y arriver. Les forces israéliennes utilisent des armes explosives dans des zones densément peuplées, une pratique qui de manière prévisible cause de nombreuses pertes civiles. Quatre-vingt-trois pays, dont les États-Unis, ont signé une « déclaration politique » contre l’utilisation d’armes explosives dans ce type de zones, en raison de la probabilité qu’elles tuent et blessent des civils sans discernement. Les bombardements continus d’Israël sur Gaza – et les tirs indiscriminés de roquette par des groupes armés palestiniens contre les communautés israéliennes – amplifient cette préoccupation. Israël a également utilisé du phosphore blanc, une matière incendiaire qui brûle la chair humaine et peut causer des souffrances à vie, dans des zones peuplées de Gaza, en violation des lois de la guerre qui interdisent d’exposer inutilement des civils à des risques.
Les bombardements intenses ont perturbé les télécommunications, entravant ainsi les services d'urgence. Et malgré son obligation de protéger tous les civils de Gaza, Israël a averti les nombreux civils qui ne peuvent pas ou ne veulent pas évacuer le nord de Gaza – y compris les médecins et les patients hospitalisés – qu'ils risquent d'être considérés comme « complices d'une organisation terroriste » s'ils restent. Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 8 000 Palestiniens, dont plus de 3 300 enfants, ont été tués ; selon l’ONU, près de la moitié des logements de Gaza ont été détruits ou endommagés.
Rien ne peut justifier les massacres de civils israéliens perpétrés par le Hamas le 7 octobre. Il s’agissait de crimes de guerre. Mais rien non plus ne peut justifier les crimes de guerre qu’Israël commet à Gaza, notamment en privant les civils d’une aide humanitaire vitale. Le droit de la guerre exige que les parties facilitent la livraison rapide des secours, sous réserve d’inspection et de surveillance pour empêcher tout détournement ou livraison d’armes. Israël peut donc surveiller les expéditions organisées par l’ONU, mais n’a pas le droit de bloquer un approvisionnement vital, comme le carburant requis à Gaza.
Le droit international humanitaire exige qu’Israël, en tant que puissance occupante à Gaza, prenne des mesures concrètes pour garantir le bien-être des civils. Lors des hostilités précédentes, aussi brutales fussent-elles, le gouvernement israélien a reconnu au moins partiellement ces obligations. Dans chacune des quatre précédents conflits à Gaza depuis 2008, Israël y a maintenu l’approvisionnement en eau potable et en électricité, et a maintenu l’ouverture de points de passage pour la livraison d’aide humanitaire.
Texte complet en anglais : en ligne ici.
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