Malgré le coût humain terrible et croissant lié aux graves violations du droit international humanitaire en Israël et en Palestine, les 27 États membres de l'UE n'ont pas été en mesure de parvenir à une position unanime condamnant les crimes de guerre commis par toutes les parties et demandant que les responsables rendent des comptes. Pourtant, le gouvernement belge a montré qu’un État membre de l’UE pouvait, à titre individuel, respecter ses principes et ne pas se cacher derrière l'absence de consensus au niveau européen.
Dans plusieurs déclarations publiques, des hauts responsables du gouvernement belge, dont le Premier ministre Alexander De Croo, la Vice-première ministre Petra De Sutter, la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib et la ministre de la Coopération au Développement Caroline Gennez, ont non seulement condamné les meurtres odieux perpétrés le 7 octobre par des groupes armés palestiniens, mais ont également remis en question la légalité de certaines frappes aériennes israéliennes, condamné la punition collective infligée à la population palestinienne et demandé que des actions ciblées soient prises à l’encontre des responsables, et que ces derniers soient tenus de rendre des comptes. Le gouvernement belge a également exprimé son soutien au rôle de la Cour pénale internationale et à son enquête en cours sur la situation en Palestine, qui dispose d’une compétence juridique sur les hostilités actuelles entre le gouvernement israélien et les groupes armés palestiniens. Par ailleurs, le parlement fédéral belge a présenté un projet de loi visant à interdire le commerce avec les colonies situées dans les territoires occupés.
Les gouvernements de l'UE sont depuis longtemps divisés sur la question israélo-palestinienne. Cette division a paralysé l'UE, dont la politique étrangère doit être approuvée à l'unanimité par ses 27 États membres. Or, parmi ces États, certains continuent d'offrir un soutien apparemment inconditionnel au gouvernement israélien et le protègent contre toute obligation de rendre des comptes. Ainsi, des diplomates européens ont dû se battre pour obtenir ne serait-ce que des appels élémentaires aux autorités israéliennes à respecter le droit international humanitaire dans leur réponse aux attentats du 7 octobre.
Il ne devrait pas être difficile pour un bloc qui promeut l'application universelle du droit international d'exhorter le gouvernement israélien à cesser de commettre des crimes de guerre et d'autres abus graves qui causent d'énormes souffrances à la population civile de Gaza, et de condamner le Hamas, le Djihad islamique et d'autres groupes armés palestiniens pour les meurtres de civils israéliens et les prises d'otages.
Pourtant, l'UE semble actuellement incapable d'adopter une telle position. Il appartient donc à chacun de ses États membres de défendre le droit international et d'adopter des mesures visant à protéger les droits humains et à faire progresser l'obligation de rendre des comptes. Le gouvernement belge a montré que c'était possible. D'autres devraient en faire autant.