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États-Unis : Peu de progrès pour relever les défis persistants en matière de droits humains

Les inégalités raciales et économiques ralentissent les améliorations systémiques

Un migrant vénézuélien embrassait son fils peu après leur arrivée à Eagle Pass, au Texas, le 25 septembre 2023, suite à leur long voyage depuis le Venezuela jusqu’aux États-Unis.  © 2023 Robert Gauthier/Los Angeles Times via Getty Images

(Washington, le 11 janvier 2024) – Le gouvernement des États-Unis a adopté d’importantes politiques relatives au respect des droits humains en 2023, mais ces politiques n’ont pas suffi à endiguer la détérioration des droits dans le pays, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch dans son Rapport mondial 2024.

« Le gouvernement américain a fait des progrès sur certaines questions liées aux droits humains, mais il devrait s’engager davantage en faveur de la justice raciale, de la justice économique et des droits des immigrants et des demandeurs d’asile », a déclaré Tanya Greene, directrice du programme États-Unis à Human Rights Watch. « La démocratie est confrontée à des menaces importantes, des migrants meurent de morts évitables à la frontière sud, et les communautés noires et autres communautés de couleur subissent toujours un racisme systémique. »

Dans son Rapport mondial 2024, sa 34e édition qui compte 740 pages, Human Rights Watch analyse les pratiques en matière de droits humains dans plus de 100 pays. Dans son essai introductif, la directrice exécutive Tirana Hassan affirme que 2023 a été une année lourde de conséquences, non seulement à cause de la répression des droits humains et des atrocités liées aux conflits armés, mais aussi en raison de l’indignation sélective et de la diplomatie transactionnelle. Ces pratiques gouvernementales, indique-t-elle, ont profondément porté atteinte aux droits de tous ceux restés en marge de « deals » inavoués. Une voie différente et porteuse d’espoir est possible, affirme-t-elle cependant, appelant les gouvernements à rester cohérents en respectant leurs obligations en matière de droits humains. 

La Cour suprême des États-Unis a rendu plusieurs décisions visant à protéger le droit de vote. Cependant, les législateurs de tout le pays ont toujours cherché à imposer des restrictions à l’accès des électeurs. Ils ont également continué à affaiblir la démocratie en interdisant la lecture de certains ouvrages et en censurant les conversations à l’université sur les problématiques de race, d’histoire, d’orientation sexuelle et de genre.

De nombreux États américains ont introduit ou adopté des lois qui restreignent l’accès aux soins reproductifs et diminuent les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT).

Les politiques américaines n’ont pas réussi à résoudre les problèmes systémiques relatifs aux droits humains, ce qui souligne la nécessité de réformes globales.  Après deux années de baisse historique de la pauvreté, grâce à l’élargissement des programmes de protection sociale en réponse à la pandémie de Covid-19, le taux de pauvreté a augmenté après l’expiration des mesures de protection fédérales contre la pandémie, comme l’élargissement du crédit d’impôt pour enfants. La US Supplemental Poverty Measure, l’index officiel qui permet de mesurer la pauvreté aux États-Unis, a augmenté de façon spectaculaire, passant de 7,8 % en 2021 à 12,4 % en 2022. La hausse des taux de pauvreté a également exacerbé les inégalités économiques et les écarts de richesses entre communautés ethniques.

Malgré certaines réductions des taux d’incarcération des Noirs, ceux-ci restent largement surreprésentés dans les prisons. Une tendance persistante alors que les appels généralisés à réduire le maintien de l’ordre excessif dans les communautés concernées en investissant dans les besoins en matière de santé et de sécurité ont été éclipsés par les demandes d’augmentation du financement des services de police et l’annulation des efforts de réforme antérieurs.

Fin 2021, H.R. 40, un projet de loi visant à étudier d’éventuelles réparations pour l’esclavage, est bloqué à la Chambre des représentants américaine. En 2023, la représentante Sheila Jackson-Lee du Texas a réintroduit le projet de loi H.R. 40 au Congrès, sans résultat. En mai, la représentante Cori Bush du Missouri a présenté une nouvelle résolution visant à étudier et à formuler des recommandations sur les réparations, mais elle n’a pas été entendue.

Dans le cadre de la politique d’expulsion sommaire draconienne connue sous le nom de Titre 42, l’administration du président Joe Biden a refoulé plus de 2,3 millions de migrants sans examiner leurs demandes d’asile. En juin, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a intensifié son programme brutal de contrôle des frontières « Opération Lone Star », en installant des barbelés, de larges bouées flottantes et des scies circulaires dans ou à proximité du fleuve Rio Grande pour empêcher les passages transfrontaliers. Les forces de l’ordre texanes auraient reçu l’ordre de repousser les demandeurs d’asile, y compris les enfants, dans la rivière.

Le bilan de l’administration Biden en matière de droits humain dans le cadre de sa politique étrangère est mitigé. Elle a demandé que des comptes soient rendus en imposant des sanctions ciblées aux auteurs de violations des droits humains au Soudan, à Haïti et en Russie. Washington a également commencé à partager des preuves de crimes internationaux en Ukraine avec la Cour pénale internationale (CPI). L’administration a également mis en œuvre de nouvelles politiques visant à réduire les souffrances causées aux civils par les forces américaines.

Mais les transferts d’armes américains vers Israël pendant les hostilités à Gaza ont violé la politique américaine qui conditionne l’aide militaire à la garantie que les partenaires respecteront le droit international. L’administration n’a pris aucune mesure pour promouvoir l’établissement des responsabilités en Éthiopie, bien qu’elle ait officiellement reconnu que des crimes de guerre avaient été commis dans le cadre de combats livrés dans ce pays. En juin, Biden a convié le Premier ministre indien à un dîner d’État malgré la multiplication des violations des droits humains commises par le parti au pouvoir à New Delhi et ses partisans.

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