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Des femmes et des enfants de l'ethnie Rohingya montent à bord d'un camion alors qu'ils sont déplacés de leur abri temporaire au sous-sol d'une salle communautaire suite à une manifestation de rejet des réfugiés Rohingya à Banda Aceh, province d'Aceh, Indonésie, mercredi 27 décembre 2023. © 2023 AP Photo/Reza Saifullah

Ce fut une effroyable orgie de violence motivée par la haine : des jeunes hommes hurlant contre des familles et des enfants sans défense. Et cela fait partie d'une tendance mondiale inquiétante.

Le 27 décembre, des étudiants déchaînés ont forcé les lignes de police et pris d'assaut un refuge improvisé dans un parking à Banda Aceh, en Indonésie. Plus d'une centaine d'émeutiers se sont alors attaqués à quelque 137 réfugiés rohingyas, principalement des femmes et des enfants placés là temporairement.

Après avoir agressé verbalement et physiquement les réfugiés, ils les ont forcés à monter dans des camions pour les envoyer au bureau gouvernemental de l'immigration, où les étudiants ont exigé qu'ils soient expulsés. La vidéo de leur agression et de leur transport est un véritable exemple de haine.

Il ne s'agit pas non plus d'un cas isolé. Ailleurs dans la province indonésienne d'Aceh, des habitants ont tenté d'empêcher les bateaux transportant des réfugiés rohingyas d'atteindre le rivage. Ils ont également encerclé les tentes des Rohingyas sur les plages et dans d'autres lieux temporaires, exigeant qu'ils soient déplacés.

La rage qui anime ces horribles attaques a été attisée par des campagnes coordonnées en ligne. Des fauteurs de troubles répandent sur les réseaux sociaux des mensonges sur les réfugiés afin d'attiser la colère de l'opinion publique à leur égard.

Ce phénomène ne se limite pas à l'Indonésie. Au cours de l'année écoulée, nous avons assisté à des violences collectives orchestrées contre des réfugiés et des migrants dans de nombreux pays.

Au Royaume-Uni, des groupes d'extrême droite et anti-immigrés ont attaqué des hôtels hébergeant des demandeurs d'asile. Les agressions contre les réfugiés et leur hébergement sont en augmentation en Allemagne. Des violences anti-réfugiés et anti-immigrés ont eu lieu à Chypre, en Grèce, en Irlande, en Afrique du Sud, en Tunisie et dans de nombreux autres pays.

Il ne fait aucun doute que, comme dans le cas de l'Indonésie, bon nombre de ces attaques ont été alimentées par des mensonges et de la désinformation en ligne.

Dans bon nombre de ces pays, les hommes et femmes politiques qui cherchent à renforcer leur pouvoir alimentent la violence en essayant d'utiliser les réfugiés comme boucs émissaires pour les maux de la société. C'est une distraction utile qui leur permet de masquer leur propre incompétence. Agir de manière productive pour les citoyens demande un effort politique ; blâmer des personnes impuissantes demande à peine un peu d'énergie.

Dans un reportage réalisé en Indonésie, une réfugiée rohingya nommée Romakto, qui affirme avoir été torturée au Myanmar et dont le mari a été assassiné par un gang armé au Bangladesh, s'exprime sans détours.

« Nous sommes sans défense. Notre pays, notre terre et notre maison nous ont été enlevés. Alors nous sommes venus ici pour chercher la paix, car nous n'avons connu que la souffrance tout au long de notre vie.»

Qu'il s'agisse de voyous dans la rue ou de politiciens en costume, il est difficile de comprendre ce qui pourrait pousser quelqu'un à s'en prendre à une telle personne. C'est un manque d'empathie et de compassion à l'égard des personnes désespérées et dans le besoin.

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