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En Inde, un nouveau temple hindou attise les craintes ressenties par les minorités religieuses

Le temple a été construit sur le site d’une mosquée démolie il a quelques décennies, dans un contexte d’émeutes communautaires meurtrières

 Un homme brandissait un drapeau orange avec une image du dieu hindou Ram, pour célébrer l’ouverture du temple Ram dans la ville d’Ayodhya, en Inde, le 16 janvier 2024. © 2024 Altaf Qadri/AP Photo

Des drapeaux de couleur safran et des affiches représentant des divinités religieuses aux côtés du Premier ministre Narendra Modi parsemaient les rues de toute l'Inde pour marquer la cérémonie de consécration, le 22 janvier, du temple de Ram à Ayodhya, dans l'État de l'Uttar Pradesh. Cependant, l’euphorie du public a également fait craindre des violences et eu regain de la discrimination à l’encontre des minorités religieuses indiennes, en particulier des musulmans.

Cette occasion est largement considérée comme le point culminant des revendications politiques et d’ascendance hindoue du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti au pouvoir, et ses affiliés. Le temple a été construit près du site où se trouvait la mosquée Babri, datant du XVIe siècle et démolie par une foule hindoue en 1992. De nombreux hindous soutenaient que cette mosquée avait été construite sur le site des ruines d'un ancien temple érigé sur le le lieu de naissance du dieu hindou Ram. Des milliers de personnes sont mortes dans des affrontements religieux et des émeutes à travers le pays après la démolition de 1992, y compris lors de violences meurtrières dans l'État du Gujarat en 2002.

Alors que les autorités ont sécurisé la zone pendant la cérémonie, les habitants musulmans d’Ayodhya ont exprimé leurs inquiétudes pour leur sécurité. Un groupe a écrit à la police pour lui demander de rester vigilante alors que des fidèles de toute l'Inde visiteront la ville au cours des prochaines semaines. Certains ont organisé le départ de leurs familles vers d’autre lieux, loin de la ville. De nombreux musulmans indiens s’exprimant sur les réseaux sociaux ont également mis en garde contre le risque de violences imminentes, et ont appelé les membres de leurs communautés à éviter de prendre les transports en commun.

Des processions religieuses hindoues en Inde sont devenues violentes lorsque le triomphalisme est devenu provocateur. La cérémonie elle-même s’est déroulé dans le calme ; mais la veille, plusieurs hommes de l’État du Madhya Pradesh, scandant des slogans religieux, ont grimpé au sommet d’une église chrétienne et ont apposé un drapeau représentant le nouveau temple sur la croix de l’église.

Le Premier ministre Narendra Modi a effectué de nombreux pèlerinages et rituels avant l’inauguration du temple. Conscient des critiques mondiales concernant l’incapacité du BJP à protéger les minorités religieuses, il a déclaré que ceux qui célèbrent le temple devraient « faire preuve de foi et non d’agressivité ».

De nombreuses entreprises sont restées fermées pour se joindre aux célébrations ; mais d'autres sont restées fermées pour prévenir des actes de vandalisme. Les partisans du BJP qui ont commis des violences dans le passé l’ont souvent fait en toute impunité et ont été enhardis par la tolérance politique de leurs actes.

La construction du temple a eu un coût non monétaire, celui de la peur croissante ressentie par de nombreux Indiens face à leurs concitoyens.

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