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Des manifestants opposés à un accord entre le Royaume-Uni et le Rwanda prévoyant l’expulsion au Rwanda de demandeurs d’asile brandissaient des pancartes devant la Cour suprême a Londres, le 15 novembre 2023. © 2023 Steve Taylor/SOPA Images/Sipa via AP Photo

Aujourd'hui, le gouvernement britannique franchit une étape décisive dans sa quête de cruauté. L'épouvantable projet de loi sur les expulsions vers le Rwanda a finalement été adopté par le Parlement hier soir et recevra bientôt le feu vert royal pour devenir une loi.

Le gouvernement n'a pas perdu de temps pour promettre que les premiers vols de demandeurs d'asile au Royaume-Uni vers le Rwanda allaient bientôt avoir lieu. Il faut s'attendre à de nombreuses contestations juridiques au cours des mois à venir, ainsi qu'à des titres de presse haineux à l'encontre des étrangers et à la diabolisation des défenseurs des droits humains.

Au cours des dernières années, le gouvernement a fortement insisté sur l'idée d'expulsions vers le Rwanda. C'est devenu une sorte d'obsession pour eux. Une ancienne ministre britannique de l'intérieur du gouvernement conservateur l'a même qualifiée ainsi : envoyer des demandeurs d'asile au Rwanda, a-t-elle dit, était son « rêve » et son « obsession ».

Peu importe que le Rwanda ne soit pas un endroit sûr où envoyer des gens - ce pays est bien connu pour ses exécutions extrajudiciaires, ses morts en détention, ses disparitions forcées et ses actes de torture. Peu importe que la plus haute juridiction britannique ait confirmé que le Rwanda n'est pas un pays sûr pour les demandeurs d'asile.

Non, le gouvernement britannique a continué à avancer malgré tout, en essayant de contourner la décision de la Cour suprême avec ce nouveau projet de loi. Cette manœuvre porte atteinte à l'État de droit et crée un précédent dangereux et antidémocratique.

Elle s'ajoute à des années passées à saper les preuves, à ignorer les rapports des organisations de défense des droits humains et même à ignorer les propres évaluations du gouvernement sur la situation au Rwanda.

Le degré d'obsession du gouvernement britannique peut également être chiffré. Selon le National Audit Office, l'organisme officiel de contrôle des dépenses au Royaume-Uni, le projet coûtera aux contribuables 1,8 million de livres sterling par demandeur d'asile expulsé, soit 2,2 millions de dollars américains. Soit 2,2 millions de dollars par personne.

La cruauté n'est pas bon marché, apparemment.

Le gouvernement britannique ne s'est-il pas arrêté une seconde pour évaluer les coûts ? N'a-t-il pas réalisé qu'il pourrait traiter ces personnes humainement au Royaume-Uni pour une fraction de ce prix ?

Mais le gouvernement ne se soucie manifestement pas plus du coût du programme pour les contribuables que de la cruauté qu'il infligera aux demandeurs d'asile. Ce qui compte pour lui, c'est de montrer qu'il est "dur" avec les demandeurs d'asile, peu importe qui paie en sang ou en argent.

Cette obsession obscène les motive depuis si longtemps qu'ils ne semblent plus penser rationnellement aux conséquences. Et comme c'est le cas pour de nombreuses obsessions incontrôlées, elle a conduit à la folie - une folie financière et morale.

 

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