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Un soldat supervisait le déchargement d’une caisse de l’arrière d'un avion-cargo C-17 de l’Armée de l’air américaine sur le tarmac de l'Aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince, en Haïti, le 15 mai 2024. Cet avion transportait des fournitures destinées au camp mis en place pour les policiers kenyans qui dirigeront une mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti.  © 2024 Jose A. Iglesias/Miami Herald/Tribune News Service via Getty Images

Les conditions semblent enfin réunies pour le déploiement d'une mission internationale en Haïti.

Nous avons déjà évoqué l'effondrement d'Haïti dans le Brief du Jour, et nous avions expliqué la nécessité d'une mission internationale pour y remédier. Nous avions également expliqué comment la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS), autorisée par le Conseil de sécurité de l'ONU en octobre, avait été retardée dans son déploiement sur le terrain.

Mais la mission MMAS dirigée par le Kenya devrait bientôt arriver en Haïti, après l'arrivée d'une délégation kenyane sur place la semaine dernière. De plus, le président kenyan William Ruto a récemment rencontré à Washington le président américain Joe Biden, qui s'est engagé à soutenir davantage la mission.

Ces nouvelles sont encourageantes pour les habitants d'Haïti.

La mission MMAS est chargée d'aider la police haïtienne à mettre fin aux troubles extrêmes qui secouent la capitale du pays, Port-au-Prince. Elle aidera la police à sécuriser les infrastructures clés et à lutter contre les groupes criminels qui contrôlent actuellement la quasi-totalité de la ville et qui sont responsables d'abus généralisés.

Trois questions au moins restent cependant en suspens, surtout si l'on se souvient des échecs et des abus des précédentes interventions internationales en Haïti.

Premièrement, les pays impliqués prennent-ils des mesures suffisantes pour garantir que la mission de la MMAS respecte les droits humains ?

La police haïtienne supervisera l'opération et le conseil national de sécurité définira et supervisera l'assistance de la mission. Le gouvernement américain affirme qu'il vérifie l'identité de tout le personnel de la MMAS, comme l'exige la loi américaine. Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme collabore à la conception du cadre réglementaire de la mission.

Toutefois, le Conseil de sécurité des Nations unies n'a pas encore reçu d'informations essentielles - et nécessaires - de la part de la MMAS sur des points tels que les règles d'engagement, les garanties en matière de droits humains et les mécanismes pour rendre des comptes.

Que se passera-t-il, par exemple, si des allégations d'abus de la part de la police nationale haïtienne ou du personnel de la MMAS apparaissent ? Comment les gens peuvent-ils le signaler et comment cela fera-t-il l'objet d'une enquête indépendante ? Ces détails doivent être clairs.

Deuxièmement, qu'en est-il des obstacles juridiques auxquels la mission MMAS doit encore faire face ? Il s'agit notamment d'une décision prise en janvier par la Haute Cour du Kenya, qui a jugé inconstitutionnel l'ordre de déployer des policiers en Haïti. Un appel de cette décision est en cours, et un nouveau procès pour les mêmes motifs est prévu en juin.

Troisièmement, la question de l'argent se pose avec acuité. Le fonds fiduciaire de la mission n'a reçu que 21 millions de dollars. Ce montant est bien inférieur aux coûts opérationnels initiaux estimés à 600 millions de dollars.

Les gouvernements, en particulier ceux des États-Unis, de la France, de l'Amérique latine et des Caraïbes, devraient s'assurer que la mission dispose de ce dont elle a besoin.

Les Haïtiens ont besoin d'urgence d'un soutien international pour rétablir la sécurité, et il est essentiel que le travail soit bien fait, c'est-à-dire dans le respect des droits humains.

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