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Mohammad, un jeune Syrien âgé de 18 ans ayant survécu au naufrage d’un bateau survenu le 14 juin 2023 en mer Ionienne, près de Pylos en Grèce, serrait dans ses bras son frère Fadi dans le port de Kalamata, en Grèce, le 16 juin 2023.   © 2023 Reuters/Stelios Misinas

(Milan) – Peu de progrès ont été réalisés dans l’enquête sur le naufrage d’un chalutier surchargé, l’Adriana, au large des côtes de Pylos, en Grèce, le 14 juin 2023, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch et Amnesty International.

Le bateau transportait environ 750 personnes, principalement originaires de Syrie, du Pakistan et d’Égypte. Seules 104 personnes ont survécu ; 82 corps ont été retrouvés, dont 58 seulement ont pu être identifiés. Plus de 500 personnes sont toujours portées disparues. L’enquête d’un tribunal naval grec sur la responsabilité potentielle des garde-côtes grecs dans le naufrage, ouverte en juin 2023, ne demeure encore qu’au stade préliminaire.

« Il est inadmissible qu’un an après cette horrible tragédie, l’enquête sur la possible responsabilité des garde-côtes grecs n’ait guère progressé », a déclaré Judith Sunderland, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Nous appelons a la mise en place d’un processus crédible de reddition des comptes, et la fin du cycle de violence et d’impunité aux frontières de la Grèce. »

« Des centaines de familles sont plongées dans l’incertitude, dans l’attente de connaître la vérité sur le sort de leurs proches », a observé Adriana Tidona, chercheuse sur les questions migratoires à Amnesty International. « Les autorités grecques doivent avancer dans leurs investigations sur la possible responsabilité des garde-côtes dans ce naufrage en vue de rendre enfin justice à toutes les personnes touchées. »

Le 13 juin 2023, les autorités grecques ont été alertées au sujet d’un chalutier surpeuplé, l’Adriana, dans leur zone de recherche et de sauvetage ; il a coulé 15 heures plus tard. Six mois plus tard, des recherches menées par Human Rights Watch et Amnesty International, parmi d’autres organisations, ont révélé diverses défaillances des autorités grecques dans les heures qui ont précédé le naufrage, ainsi que de graves allégations selon lesquelles un navire de patrouille des garde-côtes grecs a fait chavirer le chalutier en tentant de le remorquer.

Des organisations non gouvernementales se sont mobilisées sur cette affaire en déposant plainte devant le tribunal naval grec au nom de 53 rescapés, affirmant que les autorités grecques étaient responsables du naufrage. Les rescapés et les familles demeurent dans l’incertitude : on estime que plus de 500 personnes sont toujours portées disparues.

Le 21 mai, le tribunal pénal de Kalamata a rejeté l’affaire intentée contre neuf rescapés accusés de s’être livrés à du trafic illicite et d’avoir provoqué le naufrage, entre autres accusations graves. Ils se trouvaient en détention depuis 11 mois au moment du procès. Amnesty International et Human Rights Watch avaient fait part de leur inquiétude quant à l’équité du procès, faisant valoir que l’affaire se fondait sur des éléments incomplets et contestables, d’autant que l’enquête officielle sur le rôle des garde-côtes n’est pas encore achevée.

Amnesty International et Human Rights Watch ont également fait état de préoccupations quant à l’intégrité des éléments de preuve recueillis dans le cadre de l’enquête sur le naufrage.

La requête du procureur du tribunal naval concernant l’analyse médicolégale des téléphones des garde-côtes, saisis par les autorités fin septembre 2023 seulement, soit plus de deux mois après les événements, est toujours en instance.

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