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Un arrêté au Cameroun restreint la liberté d’expression de manière injustifiée

Le texte devrait être abrogé et le droit à la liberté d’expression garanti

Le parlement camerounais à Yaoundé, le 17 novembre 2017. © 2017 AFP via Getty Images

Il devient de plus en plus difficile de s’exprimer librement au Cameroun.

Dans un arrêté du 16 juillet, Emmanuel Mariel Djikdent, le préfet de Mfoundi, le département où se situe la capitale, Yaoundé, a précisé que quiconque « outrage dangereusement les institutions [de l’État] ou celui qui les incarne », pourrait se voir interdire de séjour dans ce secteur. Emmanuel Mariel Djikdent a adopté cet arrêté pour « préserver l’ordre public ».

Deux jours plus tard, René Emmanuel Sadi, le ministre de la Communication, a publié un communiqué affirmant qu’« il est inacceptable que des compatriotes […] usent de propos irrévérencieux » à l’encontre du président Paul Biya, « qui a été librement et majoritairement élu par ses concitoyens ».

Le décret suscite légitiment l’inquiétude de professionnels des médias et de dirigeants de partis d’opposition, qui le décrivent comme un recul en matière de droit à la liberté d’expression. Ces annonces sont les dernières en date d’une série de décisions gouvernementales préoccupantes et manifestement destinées à museler l’opposition et la dissidence à l’approche des élections présidentielles de 2025.

En mars, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a interdit deux coalitions d’opposition qu’il a qualifiées de « mouvements clandestins ». En juin, à N’Gaoundéré, dans la région de l’Adamawa, des gendarmes ont procédé à l’arrestation arbitraire, une fois de plus, d’Aboubacar Siddiki, dit Babadjo, un artiste de premier plan et membre de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès, peu de temps après sa remise en liberté. Il avait été condamné à trois mois de prison pour avoir insulté un gouverneur. En juillet, l’Assemblée nationale du Cameroun a adopté une loi prorogeant le mandat de ses membres jusqu’en mars 2026 et reportant les élections législatives prévues en février 2025. Une décision qui, selon les partis d’opposition, réduira leurs chances de victoire aux élections présidentielles, toujours prévues pour 2025. Le président sortant, Paul Biya, âgé de 91 ans, exerce son septième mandat depuis son arrivée au pouvoir en 1982. Il a été réélu en 2018 à l’issue d’un vote contesté qui a déclenché une vague de répression politique.

En vertu du droit international relatif aux droits humains, le droit à la liberté d’expression ne peut être restreint que pour certains motifs limités, tels que la sécurité nationale ou la protection des droits d’autrui et, même dans ces cas, les restrictions doivent être nécessaires, proportionnées et non discriminatoires. L’arrêté du 16 juillet inclue des dispositions qui ne répondent pas à ces principes et pourrait être invoqué pour violer les droits et s’en prendre aux voix dissidentes. À l’approche des élections, les autorités du pays devraient pleinement respecter le droit à la liberté d’expression de tous les Camerounais et abroger ce décret.

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