Le 9 juillet, dans un entretien accordé à un quotidien français au sujet de sa relation avec une autre femme, Brenda Biya, la fille du président camerounais Paul Biya, âgée de 27 ans, a appelé à la dépénalisation des relations homosexuelles consensuelles dans son pays.
Son coming out témoigne d’un réel courage puisque le code pénal camerounais punit les relations homosexuelles d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende pouvant s’élever jusqu’à 200 000 francs CFA (environ 330 dollars). Les arrestations arbitraires, les agressions physiques et verbales et les actes de torture subies par les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), ou perçues comme telles, sont monnaie courante au Cameroun et semblent en hausse.
Brenda Biya est une défenseure des droits humains problématique.
De nombreuses violations des droits ont été perpétrées sous le règne de son père, notamment l’emprisonnement de dirigeants politiques, des meurtres et des disparitions forcées dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du pays, ainsi que de la corruption, dont des pots-de-vin. Néanmoins, la déclaration de Biya pourrait contribuer à changer le discours en vigueur dans un environnement notoirement hostile aux personnes LGBT. En mai 2021, deux femmes transgenres camerounaises ont été condamnées à cinq ans d’emprisonnement dans une prison pour hommes pour « tentative d’homosexualité » et « outrage public à la pudeur ». Lors de leur arrestation, les gendarmes les ont rouées de coups, menacées de mort, et les ont interrogées en l’absence de leurs avocats, les forçant à signer des déclarations.
Malgré la mobilisation croissante des personnes LGBT au Cameroun pour défendre leurs droits, de nombreuses personnes ont déclaré à Human Rights Watch qu’elles continuent de vivre dans la peur constante d’être attaquées ou arrêtées. Pour échapper à la persécution, affirment-elles, la seule solution est souvent de fuir et de demander l’asile dans d’autres pays. La plupart des migrants LGBT sont également confrontés à de multiples discriminations, notamment le racisme et la violence xénophobe.
Brenda Biya, qui ne vit pas au Cameroun, se trouve dans une position privilégiée et son coming-out ne lui fait pas courir de danger immédiat. Pourtant, ses récentes déclarations sur la criminalisation des relations homosexuelles sont légitimes et doivent être entendues. À la suite de cet entretien, une organisation anti-LGBT au Cameroun a déposé une plainte pénale contre elle.
Brenda Biya pourrait désormais envisager de dénoncer les autres violations graves des droits qui ont été commises dans son pays et continuent de l’être sous le règne de son père, qui dure depuis 42 ans. Les législateurs camerounais devraient abroger de toute urgence les dispositions discriminatoires du code pénal et agir conformément à la constitution et aux conventions internationales pour garantir l’égalité des droits et la justice pour tous.