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Équateur : La lutte contre la violence sexuelle dans les écoles ne progresse que lentement

Le gouvernement devrait accélérer les mesures visant à prévenir les abus, et mettre fin à l’impunité généralisée

Des manifestantes tenaient des pancartes dénonçant la négligence des autorités dans des affaires d’abus sexuels subis par des élèves, lors d’un rassemblement tenu devant une école à Quito, en Équateur, en novembre 2022.  © 2022 Gaby Giacometti / Génerxs Diversxs
  • Malgré les engagements des institutions gouvernementales, la violence sexuelle reste endémique dans les écoles équatoriennes, et de nombreuses survivantes ne parviennent pas à obtenir justice.
  • Au cours de la dernière décennie, 6 438 cas de violences sexuelles commises par des enseignants, des autorités scolaires, d’autres membres du personnel scolaire, des concierges et d’autres élèves ont été signalés, touchant 7 303 enfants.
  • Le gouvernement devrait allouer des ressources adéquates à ses efforts de prévention de tels abus, et veiller à ce que les institutions judiciaires enquêtent efficacement sur tous les cas de violence sexuelle en milieu scolaire, en vue d’engager des poursuites de manière appropriée.

(New York, 24 juillet 2024) – Les mesures prises par le gouvernement équatorien face au problème des violences sexuelles dans les écoles n’ont pas progressé à l’échelle et au rythme nécessaires pour garantir la sécurité de tous les enfants, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Malgré les engagements pris et les mesures mises en place par des institutions gouvernementales, les violences sexuelles restent endémiques dans les écoles équatoriennes, et les survivantes ont souvent du mal à obtenir justice.

Le rapport de 60 pages, intitulé « ‘Like Patchwork’: Ecuador’s Slow Progress Tackling and Preventing School-Related Sexual Violence » (« “Comme un patchwork” : Les lents progrès de l’Équateur dans la lutte contre violences sexuelles en milieu scolaire »), fait état de lacunes importantes dans la réponse du gouvernement pour lutter contre les abus dans le système éducatif équatorien, et empêcher de tels abus. De nombreuses écoles ne signalent toujours pas les abus ou ne mettent pas pleinement en œuvre les protocoles requis. Les institutions judiciaires n’enquêtent pas suffisamment sur les délits sexuels commis contre des enfants, et n’engagent pas des poursuites de manière adéquate, ce qui entrave la capacité des survivantes à obtenir justice.

« Dans un contexte d’insécurité, des centaines d’enfants subissent des violences sexuelles en milieu scolaire dans les écoles équatoriennes », a déclaré Katherine La Puente, coordinatrice auprès de la division Droits des enfants à Human Rights Watch. « La réponse du gouvernement équatorien et les mesures prises sont insuffisantes face à l’ampleur du problème, et face à l’urgence de respecter son engagement de tolérance zéro à l’égard des violences sexuelles en milieu scolaire. »

Human Rights Watch a mené 68 entretiens avec des représentants d’organisations de la société civile, des avocats, des militants, des experts, des défenseurs des droits de l’enfant et des représentants du gouvernement équatorien. Human Rights Watch a également examiné et analysé diverses informations sur les cas signalés, ainsi que des données fournies par le ministère de l’Éducation, le bureau du procureur général et le Conseil judiciaire équatorien au sujet d’enquêtes et de poursuites dans des affaires de violences sexuelles dans des écoles.

Les violences sexuelles et sexistes constituent depuis longtemps un problème très répandu dans les écoles équatoriennes. Au cours de la dernière décennie, 6 438 cas de violences sexuelles commises par des enseignants, des autorités scolaires, d’autres membres du personnel scolaire, des concierges et d’autres élèves ont été signalés, touchant 7 303 enfants. En outre, les données complémentaires fournies par le ministère indiquent que des chauffeurs de bus ont été dénoncés comme auteurs d’abus dans 78 cas durant la période de janvier 2014 à juin 2024, ce qui porte le nombre total à 6 516 cas. Au cours de la période janvier 2020 - juin 2024, les données du ministère de l’Éducation font état de 2 827 cas d’abus sexuels contre des élèves. Les obstacles au signalement et l’accent mis sur la protection de la réputation des écoles au détriment de l’intérêt supérieur de l’enfant conduisent à un important phénomène de « sous-déclaration ».

L’augmentation des niveaux d’insécurité et de violence ces dernières années, ainsi que l’apprentissage à distance en réponse à la pandémie ou aux fermetures d’écoles liées à l’urgence, ont entravé la capacité des institutions gouvernementales à détecter et à répondre aux cas de violence sexuelle. Les groupes équatoriens de défense des droits des enfants et les experts de l’ONU ont tiré la sonnette d’alarme sur l’impact que les niveaux récents de violence ont sur les enfants et leurs droits.

Suite en anglais : en ligne ici.

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