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Éthiopie : Les autorités devraient libérer le frère d'un opposant politique assassiné

Une enquête crédible dotée d’une expertise internationale devrait être menée sur le meurtre de Batte Urgessa

Un manifestant montrait des menottes lors d’un rassemblement tenu à Londres pour protester contre les violations des droits du peuple Oromo en Éthiopie, le 10 octobre 2020. © 2020 David Cliff/NurPhoto via AP

(Nairobi, le 6 août 2024) – Les forces de sécurité éthiopiennes détiennent actuellement le frère de Batte Urgessa, un membre de l’opposition politique assassiné en avril 2024, ains qu’au moins 11 autres personnes qui avaient des liens avec cet opposant, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les autorités devraient libérer immédiatement et sans condition les personnes détenues sans inculpation, et solliciter un soutien international à l’enquête menée sur le meurtre de Batte.

Batte Urgessa a été vu vivant pour la dernière fois dans une maison d’hôtes de sa ville natale de Meki, dans la zone de Shewa-Est de la région d’Oromia en Éthiopie, le 9 avril. Tôt le lendemain matin, des habitants ont découvert son corps ligoté à la périphérie de la ville ; il avait été mortellement blessé par une balle à la tête. Dans les jours qui ont suivi, la police locale a annoncé l’arrestation de 13 personnes suspectées d’implication dans de ce meurtre, dont le frère cadet de Batte, Millo, un ami de la famille, Ebba Wane, et le propriétaire de la maison d’hôtes où Batte séjournait. Plusieurs d’entre elles sont toujours en détention. Batte était un responsable politique du Front de libération oromo (Oromo Liberation Front, OLF), un groupe d’opposition.

« La détention sans inculpation du frère du leader de l’opposition assassiné et d’autres personnes par les autorités éthiopiennes suggère que le gouvernement semble vouloir empêcher la vérité d’émerger, au lieu de faire la lumière sur ce qui est arrivé », a déclaré Laetitia Bader, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les autorités devraient immédiatement libérer les personnes détenues illégalement, et demander un soutien international afin de mener une enquête impartiale. »

Deux photographies circulant sur les réseaux sociaux le 10 avril montrent un homme, qui serait Batte, allongé face contre terre dans le lit d’un ruisseau asséché, les bras attachés dans le dos par une ceinture. Au moins une blessure par balle est visible sur le côté gauche de l’arrière de la tête, et des taches de sang sont visibles dans le bas de son dos. Le sol sous sa tête et son épaule gauche sont également tachés de sang, ce qui indique qu’il a probablement été abattu alors qu’il était immobilisé à cet endroit.

Une deuxième photo publiée sur Facebook, accompagnant la première, montre six douilles dont la taille correspond aux balles d’un fusil, qui auraient été récupérées sur les lieux et posées sur une feuille de papier. Human Rights Watch n’a pas pu établir le lieu ni la date de la prise de ces photos. Cependant, elles n’étaient pas disponibles en ligne avant le 10 avril.

Le 10 avril, le gouvernement régional d’Oromia a publié une déclaration condamnant le meurtre de Batte Urgessa, et affirmant que la propagande en ligne accusant le gouvernement était inacceptable. Cependant, dans un entretien avec un média de la diaspora oromo basé aux États-Unis, diffusé le 11 avril, Millo Urgessa a affirmé que des témoins proches du lieu où son frère Batte a été tué avaient précédemment vu des hommes faisant sortir Batte d’un « ranger » (véhicule utilisé par les force de sécurité gouvernementales). Millo a été arrêté ce jour-là, peu après les funérailles de Batte.

Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne et plusieurs de ses États membres ont tous fait écho à l’appel lancé par la Commission nationale éthiopienne des droits humains (EHRC), un organisme fédéral, demandant aux autorités fédérales et régionales d’examiner les circonstances de la mort de Batte et de mener une enquête rapide et impartiale sur son assassinat. Le sénateur américain Ben Cardin, président de la Commission sénatoriale des relations étrangères, a évoqué la répression exercée par le gouvernement contre les médias et l’opposition politique et a exhorté les autorités éthiopiennes à permettre à un « organisme international crédible et neutre de mener une enquête approfondie ».

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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X  https://x.com/hrw_fr/status/1820921596032250239

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