(Londres, le 7 août 2024) – La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a démissionné le 5 août 2024 et a fui le pays après des semaines de manifestations d’étudiants, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Selon les estimations, au moins 300 personnes ont été tuées et des milliers d’autres ont été blessées ; plus de 10 000 personnes auraient été arrêtées.
Le commandant en chef de l’armée, le général Waker-Uz-Zaman, a déclaré : « Je vous promets à tous que nous apporterons la justice » ; il a annoncé la démission de la Première ministre et confirmé qu’un gouvernement intérimaire serait formé. Les autorités devraient donner la priorité à la mise en œuvre d’un mécanisme judiciaire transparent et indépendant, et libérer immédiatement tous les prisonniers politiques, y compris ceux qui sont détenus au secret. Le gouvernement intérimaire devrait accepter le soutien des Nations Unies pour ouvrir une enquête indépendante sur les graves abus commis lors des récentes manifestations d’étudiants et antérieurement, pendant les années du gouvernement de Sheikh Hasina.
« La démission de Sheikh Hasina, après près de 15 ans d’autoritarisme croissant, apporte un nouvel espoir de justice et de réforme démocratique au Bangladesh », a déclaré Meenakshi Ganguly, directrice adjointe de la division Asie à Human Rights Watch. « Le gouvernement intérimaire devrait saisir cette occasion pour réorienter le pays, vers les principes d’un État de droit doté d’institutions indépendantes pouvant garantir la justice aux victimes. »
La démission de la Première ministre a fait suite au pic des manifestations d’étudiants qui ont commencé début juillet. Les manifestants réagissaient initialement au rétablissement d’un quota d’emploi de 30 % pour les descendants des vétérans de la guerre d’indépendance de 1971, qu’ils ont décrit comme une forme de clientélisme politique pour les partisans de la Ligue Awami, parti au pouvoir. Bien que les manifestations aient commencé pacifiquement, des violences ont éclaté le 15 juillet, lorsque les forces de sécurité et des membres de la Ligue Chhatra, rassemblant des étudiants partisans de la Ligue Awami, ont attaqué les manifestants.
Le nombre de disparitions forcées a fortement augmenté sous le régime de Sheikh Hasina, et cette pratique est devenue un élément caractéristique de la répression menée sous son autorité. Au cours de sa première année au pouvoir, en 2009, trois disparitions forcées ont été signalées. À l’époque des élections de 2014, ce nombre avait déjà augmenté pour atteindre 131 disparitions forcées. Selon les organisations de défense des droits humains du Bangladesh, plus de 600 personnes ont été victimes de disparitions forcées perpétrées par les forces de sécurité depuis l’arrivée au pouvoir de Sheikh Hasina.
Le régime de l’ancienne Première ministre était caractérisé par une culture de l’impunité et de graves abus commis par les forces de sécurité, notamment des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture et des disparitions forcées. Ceux qui osaient s’exprimer risquaient leur vie. Le gouvernement de Sheikh Hasina a en outre étouffé la liberté d’expression par le biais d’une série de lois vaguement formulées, utilisées pour harceler et détenir indéfiniment des militants, des journalistes et d’autres personnes critiques à l’égard du gouvernement.
Communiqué complet en anglais : en ligne ici.
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