Skip to main content
Faire un don

Chine : Libérer un cinéaste ouïghour injustement condamné

Au Xinjiang, Ikram Nurmehmet et d'autres personnes ont été condamnées à l'issue d’un procès à motivation politique

Le cinéaste ouïghour Ikram Nurmehmet.  © Privé

(New York) – Les autorités chinoises devraient immédiatement libérer le cinéaste ouïghour Ikram Nurmehmet, qui a été condamné à six ans et demi de prison après avoir été reconnu coupable d’accusations à motivation politique, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

En janvier 2024, le tribunal populaire intermédiaire d’Ürümqi, au Xinjiang, a prononcé cette peine contre Ikram Nurmehmet, âgé de 33 ans, selon les informations transmises à Human Rights Watch par des sources ayant connaissance de cette affaire ; le tribunal l’a reconnu coupable de « participation active à des activités terroristes », alors qu’il étudiait en Turquie entre 2010 et 2016. Lors de son procès, Nurmehmet a affirmé qu’il avait été détenu dans une pièce sombre pendant 20 jours et torturé jusqu’à ce qu’il fasse de faux aveux, qui avec son permis de séjour en Turquie ont été utilisés comme base de sa condamnation. Ses parents et sa femme ont été autorisés à assister à la première phase du procès en janvier, mais ce n’est que le 23 août, environ sept mois après sa fin, que les autorités les ont notifiés de sa condamnation.

« Plus de sept ans après que le gouvernement chinois a lancé au Xinjiang sa campagne abusive “Frapper fort”, les autorités continuent de poursuivre de jeunes Ouïghours comme Ikram Nurmehmet sur la base d’accusations à motivation politique », a déclaré Maya Wang, directrice adjointe pour la Chine à Human Rights Watch. « Ikram Nurmehmet et les centaines de milliers d’Ouïghours emprisonnés à tort devraient être immédiatement libérés. »

Ikram Nurmehmet est actuellement détenu au centre de détention n°1 d’Ürümqi. Quatre autres Ouïghours dont les noms n’ont pas été divulgués ont également été condamnés dans le cadre de la même affaire.

Le Code de procédure pénale chinois interdit l’utilisation de preuves obtenues sous la torture. Pourtant, dans la pratique, les juges rejettent rarement de telles preuves viciées, et n’acquittent presque jamais les accusés qui ont été torturés pour leur extorquer des aveux. Lors des campagnes politiques ciblant des types particuliers de crimes, dont la campagne « Frapper fort contre le terrorisme et l’extrémisme » menée au Xinjiang depuis fin 2016, la police, le parquet et le système judiciaire sont souvent soumis à une pression énorme pour coopérer, ignorer les normes juridiques et recourir à la torture pour engager des poursuites.

Dans le cadre de la campagne « Frapper fort », les autorités du Xinjiang décrété que des liens avec certains pays étrangers étaient susceptibles de constituer une infraction punissable par la loi ; ils ont ainsi ciblé les Ouïghours et d’autres personnes turciques ayant des liens avec l’un des pays figurant sur une liste officielle de 26 pays qualifiés de « sensibles », dont la Turquie et d’autres pays à majorité musulmane. Des Ouïghours qui se sont rendus dans ces pays, par exemple pour visiter des proches qui y vivent, ou qui ont simplement communiqué avec des personnes vivant dans ces pays, ont été interrogés et détenus ; dans plusieurs cas, ils ont été poursuivis et condamnés a des peines de prison.

La campagne contre les Ouïghours ayant des liens avec l’étranger semble se poursuivre, a déclaré Human Rights Watch. En août dernier, Tahir Imin, un activiste ouïghour basé aux États-Unis, a indiqué que le tribunal populaire intermédiaire d’Ürümqi avait condamné ses six partenaires commerciaux au Xinjiang à des peines de 12 à 15 ans de prison pour « séparatisme », simplement en raison de leurs liens avec lui.

« Alors que le gouvernement chinois rejette toute allégation concernant ses abus au Xinjiang, des Ouïghours continuent d’être condamnés à de longues peines de prison à l’issue de procès iniques », a conclu Maya Wang. « Les autres gouvernements devraient évoquer auprès des responsables chinois les affaires d’Ikram Nurmehmet et des associés de Tahir Imin, faire pression pour leur libération immédiate et appeler à la fin de la répression contre les Ouïghours. »

……………..

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.

Région/Pays
Mots clés