Hier, les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont annoncé avoir pris la ville de Bukavu, en République démocratique du Congo.
Leur arrivée dans la deuxième plus grande ville de l'est du pays survient à peine trois semaines après la chute de Goma, la plus grande ville de la région.
Les événements se déroulent à une vitesse alarmante, et il est encore difficile de savoir ce que les habitants de Bukavu peuvent attendre des forces d'occupation.
Mais si cela ressemble à ce que les habitants de Goma et d'autres zones occupées ont vécu, ce n'est pas de bonne augure.
Les combats opposant, d’un côté, le groupe armé M23 et les forces rwandaises et, de l’autre, l’armée congolaise et les milices alliées, ont plongé la région dans une spirale de violence et d’atrocités depuis trois ans. Ils ont exposé les civils à des déplacements massifs, des bombardements et des meurtres indiscriminés, ainsi qu'à des violences sexuelles généralisées et d’autres violations graves commises par toutes les parties au conflit.
La crise humanitaire est terrible : des centaines de milliers de personnes ont été déplacées par le M23 et se retrouvent privées d’accès à l’aide humanitaire. Certaines ont dû fuir à plusieurs reprises. Au cours des dix derniers jours, le M23 a ordonné à des dizaines de milliers de personnes vivant dans des camps de déplacés autour de Goma de partir.
C’est non seulement cruel mais cela pourrait également constituer un crime de guerre.
Le démantèlement des camps semble être devenu une tactique systématique du M23, soutenu par le Rwanda. Comme l’a confié un homme ayant fui les combats à Human Rights Watch :
« Nous savons que lorsque le M23 arrive quelque part, ils forcent tout le monde à partir et ferment les camps. Ils font cela partout où ils vont. »
Contraindre des populations à se déplacer sans aucun soutien ni assistance complique considérablement l’acheminement de l’aide humanitaire. Avec le pillage des entrepôts d’aide humanitaire lors des combats et la fermeture de l’aéroport de Goma, il devient quasiment impossible de venir en aide à ceux qui en ont besoin.
Le M23 et les forces rwandaises qui contrôlent Goma et Bukavu sont responsables des civils dans les zones qu’ils contrôlent. Ils ne doivent ni les contraindre à fuir ni leur refuser l’accès aux ressources essentielles à leur survie, telles que l’eau, la nourriture, des abris et des soins médicaux.
Les acteurs internationaux doivent aller au-delà des simples condamnations. L’ONU, l’Union africaine et les gouvernements donateurs devraient faire pression sur le Rwanda pour qu’il cesse de soutenir le M23, sans quoi il sera tenu responsable de ses actes.
L’UE, quant à elle, devrait mettre fin à son « incohérence » face à la situation dans l’est de la RD Congo. Bruxelles a publié une déclaration ferme, mais l’UE n’a toujours pas suspendu son accord sur les minerais avec le Rwanda. De même, l’Union et ses États membres continuent leur coopération militaire et la vente d’armes qui facilitent les opérations rwandaises en RD Congo.
Il existe des leviers internationaux qui peuvent être activés pour venir en aide aux populations confrontées à une crise humanitaire de plus en plus dramatique.