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Un éminent activiste burkinabè aurait subi une disparition forcée

Les autorités devraient immédiatement révéler le lieu de detention d’Idrissa Barry, et garantir son droit à une procédure régulière

Ouagadougou, Burkina Faso, le 4 mars 2024. © 2024 Ute Grabowsky/picture-alliance/dpa/AP Photo

Le célèbre activiste politique et journaliste Idrissa Barry a été arrêté mardi à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, par des hommes affirmant être des gendarmes, faisant craindre une possible disparition forcée.

Idrissa Barry, âgé de 48 ans, est le Secrétaire national du mouvement politique d'opposition Servir et non se servir (SENS).

Selon des collègues du journaliste ainsi que des médias, Idrissa Barry a été arrêté alors qu'il participait à une réunion avec des fonctionnaires à la mairie de la commune de Saaba, en banlieue de Ouagadougou. La voiture qui l'a emmené n'avait pas de plaque d'immatriculation. SENS a publié un communiqué condamnant l'arrestation et appelant les autorités à le libérer.

Quatre jours avant qu’il ne soit arrêté, SENS a publié une déclaration dénonçant des « attaques meurtrières » menées le 11 mars par des forces gouvernementales et des milices alliées, connues sous le nom de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), contre des civils aux alentours de Solenzo, dans l'ouest du Burkina Faso.

Human Rights Watch a analysé des vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux et semblent impliquer les milices VDP dans le massacre de plusieurs dizaines de civils, y compris des enfants. On peut voir sur ces images des hommes armés qui portent des uniformes de milice identifiables. L'attaque était en apparente représailles contre la communauté locale, accusée par le gouvernement de soutenir des groupes armés islamistes.

Depuis qu'elle a pris le pouvoir à la suite d'un coup d'État en octobre 2022, la junte militaire a eu recours à une loi d'urgence d’une vaste portée pour réduire au silence la dissidence ainsi que des journalistes et des activistes de la société civile. Les autorités ont également informé officiellement des membres des partis d'opposition, des journalistes et des magistrats qu'ils seraient enrôlés pour participer à des opérations anti-insurrectionnelles dans tout le pays. Le gouvernement a mis ses menaces à exécution et a commencé à intégrer de force, au sein des VDP, des individus perçus comme des opposants au gouvernement.

Ceci suscite de graves inquiétudes quant au risque qu’Idrissa Barry ne soit illégalement enrôlé de force dans le service des milices VDP.

L'arrestation d'une personne par le gouvernement sans reconnaissance de sa détention ou du lieu où elle se trouve est une disparition forcée, ce qui constitue une grave violation du droit international relatif aux droits humains. Les disparitions forcées sont susceptibles de violer divers droits humains, y compris l'interdiction de la détention arbitraire, de la torture et d'autres mauvais traitements, et des exécutions extrajudiciaires.

Les autorités devraient immédiatement révéler où se trouve Idrissa Barry, et le libérer.

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