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Guinée : Les prochaines élections constituent un défi important

L’élection présidentielle historique représente un tournant potentiel pour les droits humains et la justice

(Washington, le 25 juin 2010) - Les prochaines élections présidentielles en Guinée revêtent une importance considérable et le vainqueur devrait s'employer de toute urgence à rétablir l'État de droit et à traduire en justice les auteurs d'atteintes aux droits humains, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Le premier tour des élections doit avoir lieu le 27 juin 2010.

Ces élections vont constituer pour les Guinéens la première opportunité véritable, depuis l'accès à l'indépendance en 1958, de choisir leurs dirigeants. Une élection réussie et crédible pourrait enfin mettre un terme à plus de 50 ans d'une gouvernance autoritaire accompagnée de nombreux abus, a indiqué Human Rights Watch.

« Le coût humain du cercle vicieux des dizaines années de mauvaise gouvernance, de violence et d impunité en Guinée a été élevé », a expliqué Corinne Dufka, chercheuse senior pour l'Afrique de l'Ouest à Human Rights Watch. « Démanteler la structure de l'impunité et construire une société basée sur l'État de droit demandera du temps, mais cela doit être la priorité du programme de la future administration ainsi que des partenaires internationaux de la Guinée. »

Les entretiens menés en mai et juin par Human Rights Watch auprès d'un grand nombre de membres de partis politiques, de dirigeants de la société civile et de groupes de défense des droits humains tendent à indiquer que depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement de transition guinéen en février, les allégations de violations des droits fondamentaux nécessaires à la tenue d'élections libres ont notablement diminué. Il s'agit de la liberté d'expression et de réunion pacifique, de la liberté d'association pour les partis et mouvements politiques et de la protection contre les violences politiques.

Vingt-quatre candidats se présentent au premier tour des élections présidentielles, dont quatre anciens premiers ministres. Un calendrier électoral serré a généré quelques irrégularités et certains défis techniques. Mais la promesse du ministère de la Défense de cantonner les militaires dans leurs casernes durant la période électorale, et de soutenir le vainqueur quel qu'il soit est un signe très positif, selon Human Rights Watch.

Depuis des décennies, la corruption sévissant en Guinée et le détournement des immenses ressources naturelles du pays ont empêché l'accès des Guinéens à des droits fondamentaux tels que la santé et l'éducation. En outre, la culture dominante d'impunité a permis à des membres des forces de sécurité et de l'élite politique de commettre des crimes effroyables, tels que des actes de torture, des meurtres, des viols et des détournements de fonds, sans aucune crainte d'avoir à répondre de leurs actes.

La violente répression qui a frappé les voix de l'opposition ces dernières années s'est soldée par la perte de centaines de vies innocentes et par plusieurs centaines de blessés. En 2006 et 2007, l'usage excessif de la force par les forces de sécurité à l'encontre de civils manifestant contre la détérioration de la situation économique a fait environ 150 morts et 1 700 blessés. Human Rights Watch a ultérieurement documenté une attaque préméditée de la part d'éléments de l'armée contre des partisans de l'opposition rassemblés dans un stade de la capitale, Conakry, le 28 septembre 2009. Au cours de cette attaque, de 150 à 200 Guinéens ont été tués, plus de 100 personnes ont été brutalement violées, et plus de 1000 ont été blessées. Plus de 100 corps sont toujours portés disparus.

Après les élections, le nouveau gouvernement et les partenaires internationaux de la Guinée devraient faire de la réforme du système judiciaire du pays - caractérisé par des ressources insuffisantes, un manque d'indépendance par rapport à l'exécutif et la corruption - une de ses premières priorités, a souligné Human Rights Watch. Une commission anti-corruption crédible et impartiale est également essentielle pour contrôler la corruption galopante et la gouvernance économique médiocre en Guinée, a remarqué Human Rights Watch.

« Le nouveau président et son gouvernement ont du pain sur la planche », a conclu Corinne Dufka. « Ils ne devraient pas perdre de temps avant de s'attaquer aux causes profondément enracinées des années de crise : une corruption endémique, l'impunité, une pauvreté écrasante et la distribution inéquitable de la richesse provenant des ressources naturelles. »

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