(Paris, le 4 novembre 2013) – Une avocate qui lutte depuis des années pour les droits humains et la justice au Tchad recevra les honneurs lors du Dîner Annuel de Human Rights Watch « Voix pour la justice » à Paris, le 14 novembre 2013.
Jacqueline Moudeïna, avocate tchadienne spécialisée dans la défense des droits humains, est l’une des figures principales de la lutte pour traduire en justice l'ancien dictateur tchadien Hissène Habré et permettre à ses victimes d’obtenir réparation . Elle fait partie des six défenseurs des droits humains venus du monde entier à qui Human Rights Watch rendra hommage lors de ses dîners annuels, afin de saluer leur travail visant à protéger les droits et la dignité d'autrui. Il y aura douze dîners en novembre, et neuf autres en mars-avril 2014, dans différentes villes à travers le monde.
« Depuis des années, Jacqueline Moudeïna œuvre inlassablement et en prenant des risques personnels considérables pour défendre les droits humains du peuple tchadien », a déclaré Jean-Marie Fardeau, Directeur France chez Human Rights Watch. « Nous rendons hommage à son engagement visant à rendre justice aux victimes de Hissène Habré et à protéger les droits humains au Tchad. »
Depuis 2000, Jacqueline Moudeïna représente au Sénégal, en Belgique et au Tchad les victimes de la dictature de Hissène Habré, qui a duré de 1982 à 1990. Elle a pris des risques importants pour sa sécurité en portant des accusations contre les complices de Habré, dont beaucoup occupent aujourd'hui encore des postes à responsabilité au sein de l’administration tchadienne. En 2001, elle a été grièvement blessée lors d'une tentative d'assassinat ordonnée par un commissaire de police contre qui elle avait porté plainte pour torture sous le régime de Hissène Habré. Cet acte ne l'a aucunement découragée. Il y a quelques mois, en 2013, elle a obtenu une victoire cruciale avec la création au Sénégal d'un tribunal spécial pour juger l'ancien dictateur.
La portée du travail de Jacqueline Moudeïna dépasse largement l’affaire Hissène Habré. En tant que présidente de l'Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’Homme, principale organisation non gouvernementale de défense des droits humains au Tchad, elle a joué un rôle de premier plan sur des sujets tels que les droits des prisonniers, les conditions de vie des enfants bouviers, les droits des femmes ainsi que la corruption.
Jacqueline Moudeïna fait partie des lauréats du Prix Alison Des Forges pour engagement exceptionnel en faveur des droits humains (Alison Des Forges Award for Extraordinary Activism), décerné par Human Rights Watch. Ce prix est nommé en hommage à Alison Des Forges, experte au sein de la division Afrique de Human Rights Watch pendant près de vingt ans, qui a péri dans un accident d'avion survenu dans l’État de New York, le 12 février 2009. Alison Des Forges était une spécialiste du Rwanda mondialement reconnue, dont l’expertise portait notamment sur le génocide de 1994 et sur ses séquelles. Le prix annuel de Human Rights Watch récompense le courage de personnes qui risquent leur vie pour créer un monde exempt de violence, de discrimination et d'oppression.
Le dîner parisien aura lieu le 14 novembre au Pavillon d’Armenonville.
Les équipes de Human Rights Watch travaillent en étroite collaboration avec les défenseurs des droits humains dans le cadre des enquêtes menées par l'organisation dans près de 90 pays à travers le monde. Ces militants seront honorés lors des dîners annuels « Des Voix pour la justice » organisés par Human Rights Watch à l'automne 2013 à Amsterdam, Chicago, Genève, Londres, Los Angeles, Munich, New York, Paris, San Francisco, Santa Barbara, dans la Silicon Valley et à Toronto.