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Point de vue : Pourquoi le Burundi esquive-t-il les questions sur la torture ?

La délégation du gouvernement burundais ne s’est pas présentée à la deuxième séance d’examen de l’ONU

En réponse à la crise des droits humains au Burundi, le Comité de l’ONU contre la torture a tenu, la semaine dernière, un examen spécial afin de se pencher sur les allégations de torture et d’autres abus perpétrés dans le pays. Le gouvernement burundais a toutefois stupéfait toute l’assistance par son absence à la deuxième journée de l’examen, devenant apparemment le premier pays à agir de la sorte.

La torture au Burundi d’un détenu par des policiers et par un agent des services de renseignement, illustrée dans ce cas fictif par un artiste burundais. © 2016 Privé


Le 28 juillet, une délégation du gouvernement dirigée par la ministre de la Justice Aimée Laurentine Kanyana avait assisté à la première partie de l’examen par le Comité de l’ONU contre la torture. Dans son discours d’ouverture, elle a affirmé que la législation burundaise interdit la torture et que toute personne responsable d’actes de torture serait poursuivie en justice. Elle a tenté de discréditer des rapports « tendancieux » fondés sur des sources anonymes ou des informations fournies par des opposants politiques et a demandé au Comité de disqualifier des rapports auxquels le gouvernement burundais n’avait pas eu l’occasion de réagir.

Elle a ensuite écouté les membres du Comité soulever de graves préoccupations, dont la torture, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions, le viol et les mesures répressives contre les défenseurs des droits humains et les membres de partis d’opposition, et poser de nombreuses questions précises sur les actions du gouvernement burundais. Les membres du Comité ont critiqué sévèrement le manque d’indépendance du système judiciaire burundais et l’échec des autorités à mettre fin à l’impunité.

Il était clair que la ministre du Burundi allait peiner à répondre à leurs questions.

Lorsque le Comité s’est réuni à nouveau le 29 juillet, la délégation burundaise était introuvable. Le président a fini par annoncer que la délégation avait envoyé une déclaration écrite pour demander plus de temps pour fournir ses réponses. Dans la déclaration, la délégation burundaise s’est plainte du fait que le Comité avait abordé des sujets qui auraient dépassé les points définis au préalable. Elle a aussi déclaré que le Comité fondait principalement ses débats sur un rapport alternatif soumis par des organisations de la société civile burundaise, qui, d’après la délégation, n’avaient pas communiqué le rapport au gouvernement.

En fait, le Comité avait soumis ses préoccupations bien auparavant. En outre, des rapports d’organisations burundaises et internationales de défense des droits humains faisant état d’actes de torture étaient déjà publiquement disponibles. Rien qu’en juillet 2016, Human Rights Watch a publié deux rapports : l’un sur la torture d’opposants au gouvernement présumés par les services de renseignement et la police du Burundi, un autre sur les viols commis par des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir. Les sujets qui y sont développés sont au cœur de l’examen fait par le Comité contre la torture. Le gouvernement burundais n’aurait donc pas dû être surpris par les questions soulevées.

Le Comité a décidé de procéder à ses observations finales et de ne pas récompenser la non-coopération du gouvernement burundais par un report de l’examen.

Le message du gouvernement burundais, la semaine dernière, était clair : il préfère esquiver les questions difficiles au lieu de coopérer avec l’ONU au sujet des droits humains, ou de prendre des mesures significatives pour empêcher la torture.

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