Suite au succès remporté dans quatre provinces canadiennes, qui ont annulé leurs contrats de détention de personnes migrantes avec l’Agence des services frontaliers du Canada, les organisations et défenseurs des droits humains de ce pays concentrent désormais leurs efforts sur le gouvernement fédéral, en lui demandant de cesser de recourir aux prisons provinciales pour détenir des personnes pour des infractions liées à l’immigration.
Le 14 novembre, des défenseurs des droits humains lanceront la campagne « 12 jours d’action » afin d’exhorter le Premier ministre Justin Trudeau à annuler les contrats de détention de migrant.e.s encore en vigueur entre le gouvernement fédéral et les gouvernements des provinces. Le coup d’envoi de la campagne sera donné lors d’une conférence de presse sur la colline du Parlement, où Human Rights Watch et Amnesty International seront rejoints par deux anciens ministres libéraux, Allan Rock et Lloyd Axworthy, et par Sara Maria Lopez Gomez et Abdelrahman Elmady, deux personnes qui ont fait l’expérience de la détention pour des motifs liés à l’immigration.
Depuis le début de la campagne #BienvenueAuCanada en octobre 2021, la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse, l’Alberta et le Manitoba ont tous annulé leurs contrats de détention de personnes migrantes. Une fois que ces décisions seront entrées en vigueur, les habitants de ces provinces ne seront plus incarcérés dans les prisons provinciales uniquement pour des motifs liés à l’immigration. L’utilisation des prisons provinciales pour la détention des migrant.e.s est intrinsèquement punitive et incompatible avec les normes internationales relatives aux droits humains, sans compter ses effets dévastateurs sur la santé mentale des personnes concernées. Dans un rapport publié en 2021, Human Rights Watch et Amnesty International ont constaté que les personnes issues de communautés de couleur, et en particulier les hommes noirs, étaient enfermées dans des conditions plus restrictives et pour des périodes plus longues dans les centres de détention pour personnes migrantes. Les personnes migrantes atteintes de handicaps sont également exposées à des discriminations lors de leur détention.
Human Rights Watch et Amnesty International travaillent en tandem avec une coalition d’organisations canadiennes de défense de la justice sociale, d’universitaires et d’organisations communautaires, et avec des personnes ayant une expérience vécue de la détention pour des infractions à la législation sur l’immigration, afin d’augmenter la pression sur le gouvernement fédéral. Pendant les 12 jours, plusieurs organisations communautaires, dont Matthew House, Kinbrace et la Halifax Refugee Clinic, organiseront des événements à travers tout le pays pour faire connaître l’éventail de prestations de soins et les soutiens fondés sur la bienveillance offerts aux migrants et aux demandeurs d’asile comme alternatives à la détention pour des motifs liés à l’immigration. La campagne sera également ponctuée de déclarations, de lettres ouvertes et d’autres actions de la part d’organisations qui fournissent des services aux migrants et aux demandeurs d’asile et qui protègent leurs droits.
Quatre provinces se sont maintenant désengagées des contrats qu’elles avaient signés pour la détention de personnes migrantes. Il est donc temps que le Premier ministre soit à l’écoute et fasse preuve du leadership nécessaire pour mettre fin une fois pour toutes à cette pratique néfaste.
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