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Kazakhstan : Un détracteur du gouvernement jugé pour « extrémisme »

Les autorités devraient libérer Marat Zhylanbaev, abandonner les accusations fallacieuses le visant, et respecter les droits aux libertés d'expression et de réunion

Marat Zhylanbaev, leader of the unregistered opposition party “Alga, Kazakhstan!” at his preliminary hearing in Astana, Kazakhstan on October 30, 2023. © 2023 Sania Toiken (RFE/RL)

(Berlin, 9 novembre 2023) - Les poursuites à l'encontre d'un opposant au gouvernement kazakh qui est accusé d’appartenance à une organisation « extrémiste » interdite sont basées sur des motifs politiques et violent ses droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Lors de l'audience préliminaire tenue le 30 octobre à Astana, la capitale du Kazakhstan, le juge a annoncé que le procès de l’opposant, Marat Zhylanbaev, serait tenu à huis clos, sans que des observateurs ou médias puissent y assister ; le motif invoqué était que deux témoins à charge, dont le tribunal n'a pas révélé l'identité, ont allégué qu'ils faisaient l'objet de menaces.

« Marat Zhylanbaev ne devrait pas être jugé, et encore moins à huis clos, pour s'être engagé dans une opposition politique pacifique », a déclaré Mihra Rittmann, chercheuse senior sur l'Asie centrale à Human Rights Watch. « Les soi-disant méfaits de Zhylanbaev consistent en avoir publiquement mais pacifiquement plaidé en faveur d'une alternative politique au gouvernement autoritaire du Kazakhstan, et il devrait être libéré. »

Marat Zhylanbaev, 60 ans, est un opposant au gouvernement qui dirige un parti d'opposition non enregistré, « Alga, Kazakhstan ! » (« En avant, le Kazakhstan ! ») ; il a tenté en vain d'enregistrer ce parti auprès du ministère de la Justice à 16 reprises au cours des 18 derniers mois. 

En mars, Marat Zhylanbaev s'est vu interdire de participer aux élections législatives en tant que candidat indépendant, les autorités l'ayant accusé de « campagne précoce » en raison d'un message publié sur les réseaux sociaux dans lequel il demandait des fonds pour payer les frais d'enregistrement des candidats.

Le 17 mars, M. Zhylanbaev et plus d'une douzaine d'autres militants se sont rassemblés devant le bâtiment de la délégation de l'Union européenne au Kazakhstan, appelant les autorités kazakhes à libérer les prisonniers politiques, à accepter une enquête internationale sur les manifestations antigouvernementales de janvier 2022, qui ont débuté à la suite d'une augmentation du prix des carburants et au cours desquelles au moins 238 personnes ont été tuées, et à enregistrer « Alga Kazakhstan ! » en tant que parti politique officiel. Les manifestants ont également déclaré que les pays occidentaux devraient sanctionner certains responsables kazakhs pour avoir aidé la Russie à échapper aux sanctions.

La police a arrêté Zhylanbaev le 3 mai. Plus tard dans la journée, un tribunal d'Astana l'a condamné à 20 jours d'arrestation administrative pour avoir participé à une manifestation non autorisée le 17 mars.

Au lieu de libérer Zhylanbaev après qu'il ait purgé sa peine de 20 jours, la police l'a inculpé de « financement d'activités extrémistes » et de « participation à une organisation extrémiste interdite », des crimes passibles d'une peine d'emprisonnement maximale de 12 ans. La police a perquisitionné son domicile et, le 25 mai, un tribunal a autorisé son arrestation. L’audience préliminaire le 30 octobre a marqué le début de son procès.

Suite en anglais : en ligne ici.

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