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Des manifestantes participaient à un rassemblement organisé pour soutenir le droit à l'avortement devant le Centre de conventions d’Austin (Austin Convention Center) à Austin, au Texas, le 14 mai 2022.   © 2022 Jay Janner/Austin American-Statesman via AP

Nous devrions vraiment parler du mot "devrait", n'est-ce pas ? 

Nous employons ce mot tout le temps dans le cadre de notre travail sur les droits humains. Il semblerait que ce soit notre terme préféré, et vous le trouverez sur presque toutes les pages de notre site web.  

La Russie « devrait cesser d'enrôler de force dans son armée les Ukrainiens des régions occupées ». 

Les dangers de l'accord de détention des réfugiés conclu entre l'Italie et l'Albanie « devraient inciter l'UE à prendre des mesures ». 

Les constructeurs automobiles mondiaux « devraient tracer leurs chaînes d'approvisionnement » et « se séparer des fournisseurs qui se procurent des pièces au Xinjiang, en Chine, afin d'éviter le travail forcé ». 

Je sais que certains disent que c'est parfois un peu trop. Ceci ou cela devrait arriver, ceci ou cela devrait se produire, les autorités devraient faire telle ou telle chose... Pour certains, cela peut ressembler à un vœu pieux, surtout lorsqu'il s'agit d'un gouvernement qui commet des atrocités de toute part. Les régimes abusifs se préoccupent-ils un seul instant de ce qu'ils "devraient" faire ? 

Mais au fil des ans, j'ai appris à aimer le mot "devrait". Nous ne l'utilisons pas de manière utopique. Il ne s'agit pas d'un "ne serait-ce pas bien si" qui fait fi de la réalité, mais de quelque chose de tout à fait différent. 

Chaque fois que nous disons "devrait", c'est après une longue description d'événements et d'abus que nous avons documentés et analysés. Loin d'éviter la réalité, nous la décrivons avec de nombreux détails. Ensuite, nous examinons les lois nationales et internationales pour voir où les autorités faillissent. 

Le mot "devrait" renvoie à des attentes. Nous attendons des autorités qu'elles suivent les règles, qu'elles obéissent à la loi. Nous signalons les cas où elles ne le font pas et nous disons ce qu'elles devraient faire à la place. 

Les personnes qui travaillent dans le domaine des droits humains sont parfois considérées comme des idéalistes aux yeux embués, mais croyez-moi, rien n'est plus éloigné de la vérité. Nous savons ce qu'est le monde dans sa réalité - peut-être mieux que beaucoup de gens, en fait. Nous savons que l'inhumanité l'emporte trop souvent sur la dignité humaine. Nous le documentons et le décrivons chaque jour. Nous ne nous voilons pas la face. 

Mais nous demandons mieux. 

Parce que sinon, qu’est ce qu’on peut faire d’autre ? Accepter que tout soit horrible pour toujours et à jamais ? 

Et oui, nous savons tous que c'est comme la course de la Reine Rouge dans Alice de l'autre côté du miroir de Lewis Carroll. Comme Alice, nous continuons à courir pour rester en place. Mais si nous nous arrêtions tous de courir - si nous cessions de réclamer des droits humains universels, si nous cessions de nous attendre à ce qu'ils soient reconnus - nous reculerions à une vitesse terrifiante. 

Nous allons donc continuer à rappeler aux gens comment les choses devraient être, comment les droits des personnes devraient être respectés et comment nous devrions nous employer à atteindre cet objectif. 

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