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La Hongrie muselle les médias et la démocratie

Le Brief du Jour du 13 février 2024

Un homme brandissait une affiche montrant les yeux du Premier ministre hongrois Viktor Orban, lors d'une manifestation tenue à Budapest le 26 juillet 2021, pour protester contre l'utilisation présumée par le gouvernement de logiciels espions pour surveiller des journalistes, des opposants politiques et des chefs d'entreprise ayant critiqué le gouvernement. © 2021 AP Photo/Anna Szilagyi

L'indépendance des médias est une fonction vitale dans une démocratie. Grâce à elle, les citoyens peuvent accéder à l'information, faire des choix politiques en connaissance de cause et tenir les dirigeants pour responsables lorsque quelque chose ne va pas.

C'est pourquoi il n'est jamais bon signe qu'un gouvernement commence à s'attaquer à la liberté des médias or, depuis des années, la Hongrie est dans notre radar à ce sujet.

Depuis plus d'une décennie, le gouvernement de Viktor Orban n'a cessé de compromettre la capacité des médias à produire une couverture médiatique juste, impartiale et équilibrée pour ses citoyens. Cela a eu un effet dévastateur sur la capacité des Hongrois-es à demander des comptes à leur gouvernement pour ses abus.

La première étape de la stratégie de Orban a consisté à politiser l'autorité de régulation des médias et à la remplir de fidèles du parti au pouvoir. Ensuite, le service public de radiodiffusion du pays a été transformé en porte-parole du gouvernement, en veillant à ce que tous les employés suivent le discours du gouvernement et en licenciant ceux qui ont résisté - une décision prise par le parti au pouvoir, le Fidesz, dès 2010.

Par la création d'une fondation dirigée par le gouvernement, le parti au pouvoir contrôle désormais près de 500 médias privés pro-Orban. Une telle concentration de médias privés compromet le véritable pluralisme des médias, déforme le marché des médias et rend plus difficile l’accès à une information indépendante.

Le gouvernement hongrois n'a eu de cesse de créer un espace hostile aux médias indépendants. Outre la fermeture forcée ou le rachat d'un certain nombre de médias indépendants importants, il a fait en sorte que le travail des journalistes soit de plus en plus difficile, en empêchant l'accès aux informations et aux sources officielles. Les questions indépendantes des journalistes sont souvent ignorées, ce qui constitue un autre obstacle majeur à la réalisation de reportages efficaces.

Ce n'est pas tout : Orban s'est assuré que les journalistes qui tentent encore de faire des reportages critiques sur le gouvernement travaillent dans un climat de peur et d'intimidation. Nombre d'entre eux ont déclaré à HRW qu'ils avaient été visés par le spyware Pegasus et qu'ils faisaient régulièrement l'objet de campagnes de diffamation.

Tous ces éléments font qu'il est presque impossible pour quiconque de couvrir de manière critique les actions et les politiques du gouvernement en Hongrie.

Ce contrôle accru du marché des médias s'inscrit dans le cadre d'un assaut plus large contre l'État de droit en Hongrie. Il s'agit notamment d'efforts visant à saper l'indépendance de la justice et la mainmise de l'État sur les institutions publiques - des attaques qui rendent le rôle de surveillance des médias encore plus essentiel.

Nous ne sommes pas les seuls à soulever de telles préoccupations : l'UE a déjà gelé des fonds destinés à la Hongrie, faisant pression sur le gouvernement pour qu'il réponde à une longue liste de problèmes liés à l'État de droit, notamment en ce qui concerne l'indépendance de la justice ou la lutte contre la corruption.

Il existe d'autres mesures très concrètes et urgentes que les institutions européennes devraient prendre pour répondre à ces attaques contre les médias, dans ce contexte de démantèlement plus large de l'État de droit par la Hongrie - elles sont toutes décrites dans notre nouveau rapport. L'atteinte systématique à la liberté des médias est une violation des valeurs fondamentales de l'UE. Mettre un terme à cette situation doit être une priorité.

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