- Les Houthis entravent le travail humanitaire et l’accès à l’information au Yémen, aggravant ainsi une épidémie de choléra qui se propage dans tout le pays.
- L’épidémie de choléra continuera de faire des victimes tant que les autorités yéménites entraveront l’aide, et que les autorités et la communauté internationale n’investiront pas suffisamment dans des mesures de prévention et de traitement de cette maladie.
- Les autorités yéménites devraient lever les obstacles à l’acheminement de l’aide, y compris en ce qui concerne les informations sur la santé publique. Les Houthis devraient mettre un terme aux détentions arbitraires, et libérer les membre su personnel de l’ONU et de la société civile ainsi que les travailleurs humanitaires qui sont actuellement détenus.
(Beyrouth, le 7 août 2024) – Les autorités yéménites entravent le travail humanitaire et aggravent une épidémie mortelle de choléra qui se propage à travers le Yémen, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Toutes les parties au conflit – notamment les Houthis, le gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud (CTS, ou STC en anglais) – ont entravé l’aide et l’accès à l’information, et n’ont pas pris de mesures préventives adéquates pour limiter la propagation du choléra. Les forces de sécurité houthies ont également arrêté et menacé des membres de la société civile, y compris des travailleurs humanitaires, lors de la récente vague d’arrestations qu’elles ont menées.
Entre le 1er janvier et le 19 juillet 2024, environ 95 000 cas présumés de choléra ont été recensés au Yémen, selon les données recueillies par les agences d’aide humanitaire ; ces cas ont entraîné au moins 258 décès, selon une personne travaillant au sein de Yemen Health Cluster, un regroupement d’organisations humanitaires, d’experts médicaux et de donateurs dirigé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Toutes les parties au conflit devraient cesser de violer le droit à la santé des Yéménites, et les Houthis devraient mettre un terme aux arrestations arbitraires de membres de la société civile et de travailleurs humanitaires.
« L’obstruction des activités humanitaires par les autorités yéménites, en particulier les Houthis, contribue à la propagation du choléra », a déclaré Niku Jafarnia, chercheuse sur le Yémen et Bahreïn à Human Rights Watch. « Plus de 200 personnes sont déjà mortes de cette maladie pourtant évitable, et la détention de travailleurs humanitaires par les Houthis constitue une menace sérieuse qui limite avantage encore l’aide humanitaire vitale. »
Human Rights Watch a mené des entretiens avec sept médecins travaillant dans des hôpitaux à travers le Yémen, ainsi qu’avec plusieurs autres professionnels de la santé, notamment au sujet de la réponse des autorités à l’épidémie de choléra. Human Rights Watch a également discuté avec 20 responsables d’agences humanitaires, dont des médecins et des épidémiologistes, et un responsable des services de santé du gouvernement.
Le 24 juillet, Human Rights Watch a écrit au gouvernement yéménite, aux Houthis et au Conseil de transition du Sud pour demander des informations complémentaires. Un représentant du gouvernement yéménite, lors d’une réunion avec Human Rights Watch, a expliqué que bon nombre des difficultés rencontrées dans la lutte contre l’épidémie de choléra étaient liées à un manque de financement, et a fourni des informations sur les mesures prises pour informer le public yéménite de l’épidémie. Le CTS a répondu que Human Rights Watch devait adresser ses questions au gouvernement yéménite ; or, c’est le CTS qui supervise le ministère yéménite de la Planification et de la Coopération internationale (MoPIC) et le ministère yéménite des Affaires sociales. Ces deux ministères sont censés faciliter l’aide humanitaire, mais sont impliqués dans son obstruction. Quant aux autorités houthies, elles n’ont pas répondu au courrier de Human Rights Watch.
Le Yémen est en proie à un conflit depuis près d’une décennie. À partir de mars 2015, une coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, alliée aux forces gouvernementales, a mené de nombreuses frappes aériennes indiscriminées et disproportionnées qui ont tué des milliers de civils dans les zones contrôlées par les Houthis ; ces attaques ont aussi frappé des structures civiles, y compris des hôpitaux, en violation des lois de la guerre. Les parties belligérantes ont endommagé et détruit au moins 120 établissement médicaux, ainsi que des installations d’approvisionnement en eau et d’assainissement.
La coalition saoudienne n’a plus mené de frappes aériennes depuis avril 2022, lorsque les parties belligérantes ont accepté un cessez-le-feu qui a largement été respecté ; toutefois, ni la coalition ni les autres parties belligérantes n’ont été tenues responsables des dommages précédemment causés aux civils, et n’ont pas fourni de réparations adéquates. Ces attaques ont pourtant affaibli l’infrastructure de santé et d’assainissement, déjà fragilisée par un problème de sous-investissement, et ont ainsi contribué à l’immense crise humanitaire à laquelle le Yémen est confronté aujourd’hui.
Actuellement, plus de 18 millions d’habitants du Yémen, parmi une population totale d’environ 30 millions personnes, ont besoin d’aide humanitaire. Toutefois, le financement des organismes d’aide est réduit chaque année, au moins en partie en raison des restrictions à l’aide imposées par les autorités au pouvoir. Selon plusieurs sources, la propagation et l’impact du choléra au Yémen ont été aggravés par les dommages subis par les infrastructures de santé, le manque d’eau potable, le taux élevé de malnutrition, ainsi qu’un taux croissant de non-vaccination dû aux fausses informations diffusées par les Houthis au sujet des vaccins.
Suite du communiqué en anglais.
…….
Articles