C'est une question qui revient souvent de la part des abonnés du Brief du Jour et d'autres personnes : comment décrocher un emploi dans le domaine des droits humains ?
Elle vient généralement de quelqu'un de jeune, peut-être un peu idéaliste, et désireux de faire quelque chose d'utile de sa vie.
Il y a, bien sûr, beaucoup d'autres personnes qui s'impliquent dans les droits humains non pas parce qu'elles le veulent, mais vraiment parce qu'elles n'ont pas le choix - en tant que survivant, par exemple, lié à une cause par une expérience personnelle tragique.
Mais les sept points suivants s'adressent aux premiers : à celles et ceux qui sont attirés par ce travail en tant que profession et qui ont le choix de faire autre chose. Attention : il se peut que ces conseils ne soient pas ceux que vous attendez.
1) Acceptez que vous ne gagnerez jamais autant que si vous faisiez autre chose. Si vous êtes jeune et que vous commencez à travailler, cela peut ne pas sembler très important, mais vous devriez tout de même réfléchir à l'impact négatif que ce type de travail aura sur vos revenus tout au long de votre vie. Si vous êtes en milieu de carrière et que vous envisagez de vous réorienter vers les droits humains « pour contribuer à quelque chose d'utile », calculez très soigneusement l'impact financier de votre contribution - vous risquez d'être désagréablement surpris.
2) Comprenez que ce n'est pas romantique. Cela représente beaucoup de choses, mais c'est aussi un travail. Oui, les enjeux sont importants et le travail peut vous donner le sentiment d'avoir un but, mais il y a des avantages et des inconvénients. Si vous vous lancez avec un zèle plein d'abnégation, si vous en faites toute votre vie, vous vous épuiserez.
3) Comprenez que ce n'est pas prestigieux. Vous rencontrerez peut-être des personnes vraiment incroyables. Vous serez très probablement inspiré par elles. Mais l'admiration s'affaiblit avec le temps, et il se peut que vous réalisiez à l'occasion pourquoi on dit : « Ne rencontrez jamais vos héros ».
4) Réalisez que les personnes qui travaillent dans le domaine des droits humains sont comme tout le monde - pas toujours faciles à côtoyer. Nous partageons tous des mêmes valeurs et nous nous efforçons ensemble d'atteindre des objectifs plus larges, mais nous avons aussi des désaccords. Il y a des égos, des jalousies et des frustrations. Les histoires de bureau ne disparaissent pas comme par enchantement parce que vous travaillez tous pour une bonne cause.
5) Réalisez que c'est épuisant sur le plan émotionnel. On ne s'habitue jamais à l'ascenseur émotionnel quotidien - parfois à constater la profondeur de la dépravation humaine et parfois à s'émerveiller de la résilience de l'humanité face à cette dépravation. Vous devrez développer des stratégies pour vous protéger, comme ne pas regarder les pires photos si vous pouvez l'éviter.
6) Sachez que vous échouerez souvent et que vous ne serez jamais satisfait. Vous découvrirez beaucoup plus d'horreurs que vous ne pourrez jamais essayer d'y mettre fin. Le travail dans le domaine des droits humains peut déboucher sur des victoires significatives, mais honnêtement, il est plus fréquent d'échouer. Vous et vos collègues êtes toujours en position d'outsiders, luttant contre des gouvernements, de grandes entreprises et d'autres puissances qui disposent de bien plus de ressources, d'argent et de personnel que les organisations de défense des droits humains.
7) Réalisez que là où vous pouvez être le plus utile n'est peut-être pas celui auquel vous pensez en premier lieu. Beaucoup de gens veulent travailler en première ligne, recueillir des preuves dans des situations difficiles. Certains possèdent même les compétences linguistiques et le sang-froid nécessaires.
Mais cela ne signifie pas que vous obtiendrez ce poste. Vous ne serez peut-être pas la bonne personne pour mettre les survivants à l'aise lorsqu'ils racontent leur histoire, ni le bon messager pour convaincre les autorités de changer leur politique.
Il se peut que vous puissiez contribuer davantage à la cause en restant assis devant votre ordinateur portable à examiner des formulaires de dépenses ou à coordonner une réunion Zoom sur les stratégies de plaidoyer. Pour chaque personne sur le terrain qui écoute les victimes de violations des droits humains, il y a 20 personnes qui font autre chose ailleurs pour soutenir le travail. La cause a besoin de toutes sortes de personnes effectuant toutes sortes de tâches.
Il se peut même que le meilleur moyen de servir la cause est de faire tout autre chose, en gagnant de l'argent et en donnant une partie de cet argent à des causes liées aux droits humains. C'est tout aussi important que le reste : les droits humains n'évolueraient guère sans la générosité de ces personnes.
Continuons cette conversation. Ces sept points susciteront, je l'espère, d'autres questions et réflexions. N'hésitez pas à nous les envoyer par courriel, Twitter, Mastodon, LinkedIn ou Bluesky. Et lorsque vous nous contacterez, faites-nous savoir si nous pouvons utiliser votre nom si nous publions vos propos dans une prochaine édition du Brief du Jour.