- Les arrestations arbitraires et les représailles violentes au Bangladesh mettent en évidence la nécessité de réformes durables, suite au renversement du gouvernement autoritaire de la Première ministre Sheikh Hasina lors de manifestations de masse en août 2024.
- Les progrès durement acquis par le gouvernement intérimaire risquent d’être réduits à néant, s’il ne met pas rapidement en place des réformes structurelles capables de résister à toute tentative de répression par de futurs gouvernements.
- Lors de la session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies qui se tiendra en mars, le gouvernement intérimaire bangladais devrait présenter une résolution de consensus afin de renforcer le soutien de l’ONU au processus de réforme, et les gouvernements donateurs devraient aussi insister sur des réformes structurelles fondamentales.
(Dhaka, 28 janvier 2025) – Le gouvernement intérimaire mis en place au Bangladesh a entamé un processus visant à effectuer des changements institutionnels nécessaires et à assurer l’obligation de rendre des comptes, mais les récents cas d’arrestations arbitraires et de violentes représailles mettent en évidence la nécessité de réformes systémiques à long terme, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.
Le rapport de 50 pages, intitulé « After the Monsoon Revolution: A Roadmap to Lasting Security Sector Reform in Bangladesh » (« Après la révolution de la mousson : Une feuille de route pour une réforme durable du secteur de la sécurité au Bangladesh »), propose des recommandations pour des réformes systémiques après le renversement du gouvernement autocratique de la Première ministre Sheikh Hasina en août 2024. Le rapport appelle le gouvernement intérimaire à instaurer des pratiques de détention légales et à abroger les lois utilisées pour cibler les personnes critiques à l’égard des autorités. Ces réformes devraient être axées sur la séparation des pouvoirs et sur la garantie de la neutralité politique dans toutes les institutions, y compris la fonction publique, la police, l’armée et le système judiciaire. Le gouvernement devrait aussi solliciter l’assistance technique du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies et d’autres experts des droits humains de l’ONU, ainsi que leur soutien en matière de suivi et de rapports, afin de garantir des réformes durables.
« Près de 1 000 Bangladais ont perdu la vie en luttant pour la démocratie, ouvrant la voie à une occasion historique de construire un avenir respectueux des droits au Bangladesh », a déclaré Elaine Pearson, directrice de la division Asie à Human Rights Watch. « Mais ces progrès durement acquis pourraient être réduits à néant si le gouvernement intérimaire ne met pas rapidement en place des réformes structurelles, afin de contrer toute tentative de répression par de futurs gouvernements. »
Les recommandations du rapport s’appuient sur plus de 20 ans de recherche et de documentation de Human Rights Watch au Bangladesh, ainsi que sur des entretiens récents avec des défenseurs des droits humains, des membres du gouvernement intérimaire et des responsables (actuels et anciens) des forces de l’ordre et de l’armée.
Au cours des 15 dernières années, le gouvernement de la Ligue Awami dirigée par Sheikh Hasina a déployé des forces de sécurité pour exercer une répression contre les opposants et personnes critiques à l’égard du gouvernement, par le biais de disparitions forcées, d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations arbitraires, de surveillance et de torture. Pendant que Sheikh Hasina consolidait son pouvoir, son gouvernement a également affaibli les institutions – notamment les instances judiciaires et la Commission nationale des droits humains – chargées de surveiller les actions des autorités et des forces de sécurité, et d’assurer l’obligation de rendre des comptes. Un policier a expliqué à Human Rights Watch que lors du recrutement pour de hauts postes bien rémunérés, la loyauté envers la Ligue Awami était « souvent privilégiée par rapport au mérite », ce qui a conduit la police à « devenir de plus en plus partiale, se comportant davantage comme des cadres du parti, au fil des ans ».
Suite du communiqué en anglais.
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