L’Allemagne. La puissance industrielle de l'Europe. La troisième économie la plus riche du monde.
L'Allemagne a un problème de pauvreté.
Malgré la grande richesse du pays, le système de sécurité sociale allemand ne parvient pas à venir en aide à de nombreuses personnes.
Combien ? Examinons quelques chiffres.
Les dernières statistiques officielles montrent que 14,4 % de la population allemande vit dans la pauvreté. Cela représente plus de 12 millions de personnes.
Les familles monoparentales et les femmes âgées représentent une part disproportionnée de personnes en situation de pauvreté. Le gouvernement estime que 40 % des ménages allemands composés d’un parent seul élevant des enfants sont « exposés au risque de pauvreté ou d'exclusion sociale ».
Souvent, les aides sociales ne permettent même pas à une famille d'atteindre le seuil de pauvreté, et encore moins de le dépasser, l’écart étant important.
Par exemple, un ménage monoparental avec deux enfants reçoit 1 198 € d’allocations sociales. Mais le seuil de pauvreté est de 1 626 €. Il y a donc un écart de 26 %. Pour un adulte célibataire vivant seul, l'écart est de 51 %.
Parmi les personnes âgées de 65 ans et plus, plus de 18 % sont menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale, et les femmes âgées encore plus.
Cela s'explique en partie par le fait que les femmes sont structurellement désavantagées dans le calcul des retraites. Les années consacrées à l'éducation des enfants ne sont pas rémunérées et ne sont pas considérées comme du travail à part entière. Il existe généralement un écart de rémunération important entre les hommes et les femmes. Les femmes représentent les deux tiers des personnes occupant des emplois marginaux et faiblement rémunérés.
Ces éléments réduisent leurs cotisations de retraite au fil des ans et, par conséquent, dans le système allemand, leurs prestations de retraite plus tard dans la vie.
Il existe des compléments de retraite de base, mais ils ne suffisent souvent pas à sortir les bénéficiaires du seuil de pauvreté.
Des chiffres... Des calculs... Des seuils... Ils ne vous racontent qu'une partie de l'histoire.
Pour comprendre le tableau dans son ensemble, il faut écouter les personnes concernées. C'est ce qu'a fait Human Rights Watch dans un nouveau rapport, en préparation depuis plus de deux ans.
Les personnes ont décrit leurs difficultés à se nourrir correctement, à payer leur loyer, leurs factures et leurs frais de santé et d'éducation.
Une mère célibataire de 42 ans, qui travaille et vit dans une zone rurale de Saxe avec ses trois enfants, a déclaré : « Je n'ai pas les moyens de nourrir correctement mes enfants. C'est un sentiment amer quand tout ce que nous avons à la fin du mois, c'est du pain et du beurre... »
Une retraitée de 71 ans qui vit seule dans une ville de la vallée de la Ruhr a déclaré : « [...] l'aide du gouvernement n'est tout simplement pas suffisante. La vie est chère. À la maison, je reste sous une couverture et je bois du thé, du café ou de la soupe pour me réchauffer. Il n'y a pas grand-chose d'autre à faire. »
La troisième économie la plus riche du monde peut certainement faire mieux .
En fait, le gouvernement allemand est légalement tenu de faire mieux. L'Allemagne a signé des traités internationaux promettant de respecter les droits humains à la sécurité sociale et à un niveau de vie adéquat.
Les partis politiques sont actuellement en pourparlers de coalition pour former un nouveau gouvernement. Ils devraient en prendre note et s'engager à améliorer le système de sécurité sociale défaillant de l'Allemagne.