Aucune guerre ne peut être réduite à quelques centaines de mots.
Mais aujourd'hui, à l'occasion du premier anniversaire du conflit en cours au Soudan, essayons de décomplexifier la situation en passant en revue les quatre principaux acteurs impliqués dans l'horrible tragédie qui s'est déroulée.
Les deux premiers sont les principaux belligérants qui, au cours de l'année écoulée, ont commis une atrocité après l'autre : les forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF).
Les Forces armées soudanaises ont tué illégalement des civils. Elles ont mené des frappes aériennes ciblant délibérément des infrastructures civiles, y compris des hôpitaux. Elles ont recruté des enfants comme combattants et ont empêché à plusieurs reprises l'aide humanitaire d'atteindre les personnes qui en avaient besoin.
De l'autre côté, les RSF et leurs milices alliées ont perpétré des massacres généralisés de civils, souvent ciblés en fonction de leur ethnicité, comme dans l'ouest du Darfour. Les RSF ont également commis des violences sexuelles et des pillages à grande échelle. Elles ont également recruté des enfants et entravé l'aide humanitaire, notamment par des pillages massifs.
Le troisième de nos quatre groupes de personnes impliquées dans le conflit soudanais sont les victimes des deux premiers, les millions de personnes prises en étau dans l'horrible violence des SAF et des RSF.
En plus des milliers de personnes qui ont subi des abus et ont été tuées, le conflit a contraint 8,5 millions de personnes à quitter leur domicile. Environ un cinquième d'entre elles ont fui vers les pays voisins. Les millions de personnes restantes font du Soudan la plus grande crise de déplacement interne au monde.
Quelque 25 millions de personnes - soit environ la moitié de la population du Soudan - dépendent désormais de l'aide alimentaire d'urgence. Cinq millions d'entre elles courent le risque de la famine dans les mois à venir.
Cela nous amène au quatrième et dernier acteur de la tragédie soudanaise : la communauté internationale.
Comme nous l'avons évoqué ici à plusieurs reprises au cours de l'année passée, le monde extérieur n’a pas répondu à la crise soudanaise avec l'urgence qu'elle exige. Les sonnettes d’alarme ont été tirées mais les réactions ont été spectaculairement silencieuses.
Aujourd'hui, le monde pourrait changer d'approche. Les dirigeants mondiaux et régionaux se réunissent à Paris pour mettre le Soudan au cœur des discussions. Ils feront pression pour que les combats cessent et, espérons-le, pour que le financement mondial de l'action humanitaire bénéficie d'un renforcement massif et nécessaire.
La conférence de Paris devrait également indiquer clairement que les responsables des atrocités commises au Soudan devront rendre des comptes. Elle devrait notamment annoncer des mesures concrètes à l'encontre de ceux qui font délibérément obstacle à l'aide humanitaire. Pour que l'aide parvienne à ceux qui en ont besoin, il faut décourager les belligérants de la bloquer et de la voler.
Il y a un an aujourd'hui, le Soudan est entré dans une spirale incontrôlable. Parmi les quatre acteurs impliqués, nous savons ce qui s'est passé chez les trois premiers. Nous attendons beaucoup plus de la part du quatrième.