Ce qui suit est un bel exemple de réussite. Mais est-ce que ça devrait être le cas ?
Voyant que les autorités irakiennes ne respectaient pas les lois garantissant les droits à l'emploi des personnes handicapées, certaines personnes ont décidé de prendre les choses en main.
Le militant Muwafaq al-Khafaji organise des ateliers pour sensibiliser les employeurs aux droits des personnes handicapées en matière d'emploi. Il les encourage également à embaucher des personnes handicapées.
À l'issue de l'un de ces ateliers, un homme nommé Muhammed Ali al-Mayahi a décidé de répondre à l'appel. M. Al-Mayahi est le PDG de la boulangerie Bab al-Agha à Bagdad. (Leur site web est magnifique, soit dit en passant).
Il a d'abord embauché cinq employés sourds. Quand il a vu qu'ils se débrouillaient bien, il en a embauché d'autres, puis encore d'autres. Aujourd'hui, l'entreprise compte près de 30 employés sourds.
Selon M. Al-Mayahi, « leurs compétences et leur énergie sont très fortes. Nous devons veiller à ce que ces personnes puissent vivre leur vie comme n'importe qui d'autre ici en Iraq. J'espère que toutes les entreprises suivront notre exemple ».
Les employés sourds de la boulangerie affirment que leur emploi a eu un impact extrêmement positif sur leur vie.
« Depuis que j'ai été embauchée ici, ma vie a changé », a affirmé Shaima, 24 ans. « Aujourd'hui, je peux communiquer avec les gens, gagner ma vie et compter sur moi-même. »
C'est une réussite, certes, mais qui ne devrait rien avoir d'exceptionnel. Bien sûr, les sourds et les autres personnes handicapées peuvent travailler dans une boulangerie et exercer d'innombrables autres emplois. Il ne devrait même pas y avoir de sujet ici.
En Irak, cependant, c'est une histoire digne d'intérêt, parce qu'elle est exceptionnelle. Mais ce ne serait pas exceptionnel si les autorités appliquaient la loi.
La loi fédérale irakienne alloue 5 % des emplois du secteur public et 3 % des emplois du secteur privé aux personnes handicapées. La région du Kurdistan irakien dispose d'une loi similaire.
Ces lois existent depuis plus de dix ans, ce qui laisse amplement le temps aux employeurs de les adopter et aux autorités de les faire appliquer.
Pourtant, bien que la loi fédérale prévoie des amendes pour les employeurs du secteur privé qui ne respectent pas le quota de 3 %, aucune amende n'a jamais été imposée.
En conséquence, les quotas d'emploi ne sont pas respectés, ce qui laisse des centaines de milliers d'Irakiens handicapés sans emploi. N'oublions pas non plus que l'Irak compte l'une des plus grandes populations de personnes handicapées au monde.
En bref, les Irakiens handicapés sont désireux et capables de travailler. Si seulement les autorités étaient aussi disposées à faire leur travail et à appliquer la loi.